Moqueries de la presse russe après la visite de Sarkozy à Moscou
Le président français Nicolas Sarkozy s'est attiré les moqueries de la presse russe jeudi au lendemain de sa première visite officielle à Moscou, qui n'a débouché sur aucun résultat concret, notent plusieurs journaux.
« Sarkozy s'est réveillé et a vu la Place Rouge », ironise le journal Gazeta comme quasiment l'ensemble de la presse, le président français s'étant félicité devant Vladimir Poutine de s'être réveillé sur la Place Rouge, alors que l'hôtel dans lequel il avait dormi ne s'y trouvait pas.
« Cela fait très longtemps que j'avais envie de venir ici. Se réveiller sur la Place Rouge, ce n'est pas rien pour moi », avait déclaré M. Sarkozy en arrivant au Kremlin.
« On a commencé à se demander où le président Sarkozy avait bien pu se réveiller pour voir alors la Place Rouge », se moque même le journal d'opposition Kommersant, rappelant que l'hôtel National, où logeait M. Sarkozy, est certes proche de la Place Rouge mais que celle-ci n'est pas visible de ses fenêtres.
« On peut voir la Place Rouge depuis la fenêtre du Mausolée (de Lénine, au milieu de la place). Mais le Mausolée n'a pas de fenêtre », ajoute-t-il.
Inhabituellement féroce, la presse russe s'attache essentiellement à des détails comme les mimiques du président français, le fait qu'il ait tutoyé M. Poutine ou qu'il porte des chaussures à talonnettes.
Elle note cependant aussi le pragmatisme de M. Sarkozy, soucieux de montrer que « l'amitié » franco-russe ne s'est pas arrêtée avec le départ de Jacques Chirac, son prédécesseur à l'Elysée, qui était un allié du président Poutine en Europe.
« Le Kremlin et la vision de la Place Rouge lui ayant donné des ailes, Sarkozy a parlé lors de la conférence de presse du souhait des investisseurs français d'entrer dans le capital de Gazprom », le géant gazier russe, poursuit Nezavissimaïa Gazeta, titrant : « Rêves et fantaisies de Nicolas Sarkozy ».
Les déclarations du président Sarkozy sur Gazprom « constituent la principale sensation de la visite », écrit le quotidien économique RBK Daily, avant d'ajouter que « l'entrée du capital français dans le secteur énergétique russe n'est pas pour demain ».
« Les négociations à Moscou entre les présidents russe et français ont montré que les relations entre ces pays vont se construire sur des bases pragmatiques », écrit le journal des affaires Vedomosti.
« Il n'y a eu aucun résultat », note-il cependant, évoquant l'absence d'annonces concrètes, sur l'Iran, le Kosovo ou la coopération économique.
Le journal Izvestia, ouvertement pro-pouvoir, se moque pour sa part des « avances » du président Sarkozy à son homologue russe, et relève la froideur de ce dernier.
Source : AFP