Minimum vieillesse, polémique maximum

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Par Benjamin BONNEAU

Mercredi, François Fillon a annoncé une augmentation de « 5 % par an » du minimum vieillesse à partir de 2008, soit 25 % sur cinq ans. Nicolas Sarkozy a surenchéri en promettant le versement en avril prochain d'une prime de 200 euros pour anticiper cette hausse. Un cadeau qui n'est pourtant pas du goût de l'opposition qui dénonce « un parfum électoraliste » et « une forme d'imposture ».

« Un tour de passe-passe »
. Voilà comment Ségolène Royal analyse la promesse de Nicolas Sarkozy de verser une prime de 200 euros pour anticiper sur la future hausse du minimum vieillesse annoncée mercredi par François Fillon. Un point de vue partagé par l'ensemble de l'opposition. François Hollande, lui, estime toutefois que « c'est mieux que rien », même s'il dénonce « une méthode grossière » à « l'impact limité ».

En baisse de 15 points de popularité chez les plus de 65 ans dans un sondage IFOP pour Paris Match, Nicolas Sarkozy se devait donc d'inverser la tendance. L'annonce faite mercredi par François Fillon d'une hausse de « 5% par an » du minimum vieillesse à partir de 2008 allait dans ce sens. La prime de 200 euros évoquée ensuite par le chef de l'Etat était censée enfoncer le clou de la reprise en main du problème du pouvoir d'achat chez les séniors. Une mesure vivement critiquée par l'opposition. Pour Ségolène Royal, cette revalorisation intervient « trop tard » et a un « parfum électoraliste » a-t-elle déclaré sur France Info, tout en précisant que cette mesure « en même temps, est indispensable puisque beaucoup de personnes âgées sont aujourd'hui plongées dans la pauvreté. »

Buffet : « C'est pingre, c'est vraiment pingre »

L'ancienne candidate à l'élection présidentielle ne veut toutefois pas se montrer trop clémente avec son ancien adversaire. Car si la mesure répond en partie à la demande de revalorisation du pouvoir d'achat, Ségolène Royal y voit surtout une manoeuvre politique à quelques semaines des élections municipales : « Nicolas Sarkozy s'est fait élire en promettant 25% tout de suite. Il y a des millions de personnes âgées qui ont cru à cette promesse et qui ont voté pour lui », a-t-elle déclaré, avant de pousser plus loin son analyse et de se pencher dans le rétroviseur : « Quand on voit que le résultat de l'élection présidentielle s'est joué à un écart d'un million de voix qui sont allées d'un côté ou de l'autre -puisque nous avions deux millions de voix d'écart-, sur les plus de 10 millions de personnes âgées, il y en a bien eu une sur dix qui a cru à cette promesse de campagne fallacieuse ».

Elle est rapidement rejointe sur ce point par son ancien compagnon, François Hollande. Interrogé sur La Chaîne Parlementaire, le Premier secrétaire du Parti socialiste a tenu à décrypter l'annonce présidentielle pour mettre en lumière sa véritable portée sur le porte feuille des Français : « Quand on rapporte ces 200 euros à ce que sera mensuellement l'augmentation du minimum vieillesse, on s'aperçoit que c'est 16 euros par mois. Et quand on le rapporte à la journée (...), c'est 50 centimes d'euros par jour », a-t-il ainsi expliqué. La secrétaire nationale du Parti communiste, Marie-George Buffet, est allé plus loin sur Canal+ estimant qu'un à-valoir de 200 euros, « c'est pingre, c'est vraiment pingre »... Une hausse considérée comme insuffisante et qui ne concerne que « les 600 000 qui touchent le minimum vieillesse et non les 3,5 millions de petites pensions. Pas davantage les veufs et veuves qui touchent les pensions de réversion », a précisé Hollande.

Hollande s'interroge sur le financement de la mesure

Parmi ce flot de reproches, une voix discordante s'est toutefois fait entendre. François Chérèque s'est en effet réjoui de cette promesse qui « mènera le minimum retraite autour de 85%-90% du Smic ». Le secrétaire général de la CFDT apporte toutefois un bémol en rappelant que « si on veut valoriser le travail, il va falloir aussi augmenter le minimum de retraite pour ceux qui ont travaillé toute leur vie au Smic » car « là ce sont les personnes qui n'ont pas travaillé » qui sont concernées, a-t-il déclaré sur LCI.

Pour conclure ce feu nourri de critiques, le Premier secrétaire du PS s'interroge sur le coût d'une telle mesure : « Il y a une facture qui va être présentée, qui s'ajoutera à la facture principale des 15 milliards d'euros du paquet fiscal », rappelle-t-il, avant d'attaquer plus directement le chef de l'Etat et son action depuis son entrée en poste : « Quand on entend le président de la République dire, 9 mois après son élection ‘je suis désolé j'avais fait des promesses mais aujourd'hui il n'y a plus d'argent dans les caisses', je comprends qu'il y ait quand même un peu d'interrogations, voire même de frustration », a-t-il raillé, avant d'en rajouter une couche en pointant du doigt « le mouvement, l'égotisme, le narcissisme » du chef de l'Etat.
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