Retraite pour pénibilité : fin de la négociation patronat-syndicats

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Le patronat a mis fin mercredi soir aux négociations sur la prise en compte de la pénibilité dans l'âge de la retraite, renvoyant la balle au gouvernement et laissant les syndicats déçus et inquiets pour les ouvriers concernés, à l'issue d'une réunion écourtée.


Patronat et syndicats ont quitté le siège parisien du Medef sans faire de relevé de conclusions, ce que la CFDT et la CFE-CGC ont regretté.


Ces négociations, parties intégrantes de la réforme Fillon de 2003 sur les retraites, qui allonge la durée de cotisation pour avoir une pension pleine, piétinaient depuis trois ans, après un démarrage en 2005.


Les syndicats en attendaient un dispositif de départ anticipé en retraite pour réparer l'inégalité devant la retraite des salariés ayant occupé des postes de travail pénibles (travail de nuit, répétitif, exposé au bruit intense ou aux vibrations, port de charges lourdes, manipulation de produits toxiques).


Statistiquement, un ouvrier profite moins longtemps de sa retraite puisqu'il a un écart de 5 à 7 ans d'espérance de vie avec un cadre.


Or, les employeurs avaient retiré du document de travail présenté mercredi toute possibilité de départ anticipé, réitérant leur proposition de faire passer à mi-temps les salariés usés par un travail pénible, durant leurs deux ou trois dernières années d'activité.


Le dispositif devait concerner 10 000 salariés par an, et était subordonné à un financement par l'Etat.


La réunion, voulue par le ministre du Travail Xavier Bertrand, a tourné court. Après une rapide interruption, le chef de file de la délégation patronale François-Xavier Clédat a levé la séance.


« Nous avons pris acte des propos des organisations syndicales qui conduisent à la fin de cette négociation. (...) On ne peut accepter la mise en place de nouveaux régimes spéciaux » de retraite, a-t-il déclaré à la presse.


M. Clédat a renvoyé la balle aux pouvoirs publics, en se félicitant qu'un récent rapport du député Jean-Frédéric Poisson (Yvelines, UMP) arrive à « des conclusions très très proches de ce à quoi nous (le patronat) sommes arrivés ».


La CFTC a accusé le Medef d'« immaturité ».


« Demain j'expliquerai au type qui tient le marteau piqueur toute la journée que le patronat se fout de son problème », a dit Joseph Thouvenel (CFTC).


FO a taxé d'« irresponsabilité » un patronat « qui fait des profits et se fout de la santé des salariés ».


« On est plutôt triste pour les dizaines de milliers de salariés qui pouvaient être concernés », a déclaré Jean-Christophe Le Duigou (CGT). Pour lui, il y a un « calcul sordide » qui est fait, « l'entreprise gagne plus à une plus faible espérance de vie des salariés ».


La CFDT, soutien de la réforme de 2003, était « assez surprise » que le patronat refuse d'acter au moins « les acquis de la négociation », qui a eu le mérite de commencer à faire avancer la prévention dans les entreprises.


Danièle Karniewicz (CFE-CGC), présidente de la caisse nationale d'assurance vieillesse, soupçonne le patronat d'avoir fait « semblant de négocier », un « numéro de cirque frisant le grotesque » qui « porte préjudice aux partenaires sociaux » et a conduit à « un échec historique ».


Reprendre la main sera difficile pour l'Etat vu les contraintes budgétaires.


Le dispositif de départ anticipé pour « carrière longue », réservé aux salariés ayant commencé à travailler entre 14 et 17 ans, est financé par l'Etat. « Sur la pénibilité, ce sont les conditions de travail dans les entreprises qui sont en cause, ce serait légitime d'avoir une implication des employeurs », a souligné Mme Karnievicz.


Source :
AFP

 

Mon commentaire :

Toujours le même leitmotiv : il n'y a plus d'argent (sauf pour faire des cadeaux fiscaux aux plus nantis), donc vous pouvez bien travailler jusqu'à la mort, forcément plus proche.

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