Oujda, le Maroc et le raï
Youyouyouyou : dès l'atterrissage au Maroc, le séjour de Ségolène Royal s'annonçait haut en couleurs. À bord de l'avion, les femmes qui rentrent chez elles pour les vacances l'ont honorée de cette expression de joie particulière au Maghreb.
Le week-end dernier, elle a découvert la région de l'Oriental, située à la frontière Est du Maroc, où elle était l’invitée d'honneur du festival international de raï.
Mohamed Brahimi, le wali, (c'est ainsi qu'on dénomme les représentants du roi dans les 16 régions du pays), nous a reçus longuement pour nous expliquer la renaissance du territoire d'Oujda, cité millénaire située au carrefour entre l'Europe et l'Afrique. Un vrai cas d'école en terme de développement.
Dans les rues de la capitale régionale, le changement est manifeste. Des immeubles sortent de terre en quelques mois, les chantiers parsèment la ville et les environs de la ville se modernisent.
Profitant de la présence de Ségolène Royal, les autorités lui ont fait visiter les grands chantiers : le complexe touristique de Saïdia, la faculté de médecine, le technopark, un projet de lutte contre pauvreté dans le cadre de l'Initiative nationale de développement humain (INDH), qui associe les populations des quartiers pauvres aux projets de développement.
Elle était accompagnée pendant son séjour de jeunes élus et responsables socialistes d'origine marocaine : Najat Belkacem, Kamel Chibli, Brahim Abbou et M'Jid El Guerrab. Ainsi que de Rabah Labied, président de l'association « Nous les Français issus de l'immigration », qui est lui-même originaire d'Oujda et vient de créer le comité local de Désirs d'avenir dans sa ville natale.
C'est dans le but de promouvoir leur ville et de partager leur culture avec tout le pays que les responsables économiques et politiques ont lancé le Festival international de raï, dont c'était cette année la deuxième édition. Ou comment un événement populaire (plusieurs centaines de milliers de spectateurs) et culturel devient un levier formidable de développement.
Le raï puise ses sources dans cette région, d'Oujda au Maroc et Oran en Algérie. Cette musique métissée, faite d'influences multiples, a bâti des ponts entre le Maghreb et l'Europe. Le bendir se mêle aux guitares, la darbouka au synthétiseur, et l'arabe se teinte de français ou d'anglais.
Le raï est le fruit des migrations à travers la Méditerranée et d'une volonté de libre expression. D'ailleurs en arabe, raï signifie « opinion », « point de vue », « avis ». Il est probablement l'un des genres musicaux qui symbolisent le mieux l'échange culturel et la force des liens humains et historiques entre le Maghreb et l'Europe.
Nous avons été très chaleureusement accueillis par le wali de la région ainsi que les responsables du festival. Les rencontres avec les artistes étaient également des grands moments de fraternité et de joie. Le chanteur ivoirien Alpha Blondy a accueilli Ségolène Royal avec ferveur et amitié. Un grand merci à tous. Nous reviendrons avec plaisir.