Hortefeux fait interdire une manifestation
Les incidents, samedi 2 août, au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) n'ont pas fini de faire parler d'eux. Le ministre de l'immigration, Brice Hortefeux, a demandé mardi 5 août au préfet de Seine-et-Marne d'interdire la manifestation prévue samedi devant ce centre, jugeant qu'il y a « un risque important de trouble à l'ordre public ». « L'Etat ne cédera pas, il y a eu des destructions partielles au CRA qui auraient pu mettre en cause des vies humaines », a-t-il ajouté. M. Hortefeux, au sortir d'une réunion avec des responsables policiers, a indiqué les avoir appelés à « être extrêmement vigilants sur les agissements des groupuscules » devant les centres de rétention.
Il a confirmé avoir saisi le garde des sceaux « des agissements d'une association dont le mot d'ordre est de brûler les centres de rétention ». Le ministre a expliqué s'appuyer, pour cette plainte, sur la « provocation inacceptable » des déclarations de Rodolphe Nettier, membre du groupe d'extrême gauche SOS Soutien aux sans-papiers, publiées lundi matin dans un quotidien. M. Nettier a pour sa part formellement contesté avoir déclaré que son « mot d'ordre » était « de brûler les centres », ou de les détruire. L'association à laquelle il appartient appelle seulement à la « fermeture immédiate » des centres, a-t-il ajouté.
DEUX SANS-PAPIERS RELAXÉS
Samedi, deux incendies, vite maîtrisés, se sont déclarés au centre de rétention du Mesnil-Amelot, des retenus ayant « tenté de mettre le feu à des éléments de literie », selon la préfecture de Seine-et-Marne. Elle a estimé que ce « mouvement a été incité de l'extérieur par une vingtaine de manifestants d'un collectif de soutien aux sans-papiers ». Des militants de SOS Soutien aux sans-papiers manifestaient alors devant le centre, réclamant la fermeture des CRA, la libération ainsi que la régularisation des retenus et des sans-papiers. Sur une banderole, on pouvait lire « destruction des CRA ». Rodolphe Nettier a indiqué lundi que « la banderole appartient à des camarades qui nous accompagnent mais ne font pas partie de l'association. En tout état de cause, elle n'était pas adressée aux sans-papiers, et ceux-ci n'ont pu la voir ».
Sur le plan judiciaire, les deux sans-papiers accusés d'avoir mis le feu à leur matelas samedi ont été relaxés, lundi, « au bénéfice du doute », du chef de dégradation par un moyen dangereux, selon le parquet de Meaux. Ils ont en revanche été reconnus coupables de séjour irrégulier et condamnés à un an d'interdiction du territoire. La ministre de la justice, Rachida Dati, a annoncé dans la foulée qu'elle avait « donné pour instruction au parquet général de Paris de faire appel de cette décision ».
La polémique avait atteint le terrain politique lundi. Dominique Paillé, porte-parole de l'UMP, a « exhorté » le Parti socialiste à « clarifier sa position » après que le secrétaire national du PS, Faouzi Lamdaoui, a dénoncé dimanche une « chasse institutionnalisée aux étrangers ». M. Lamdaoui a immédiatement répliqué en accusant M. Paillé et un autre des porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, qui avait jugé dimanche le PS « irresponsable » sur ce dossier, de « pratiquer une véritable rhétorique lepéniste » afin de « tenter de museler toute opposition à la politique ahurissante du gouvernement en matière d'immigration ».
Source : Le Monde avec AFP et Reuters
Mon commentaire : Ce gouvernement continue de rogner les libertés. On commence par interdire aux associations de manifester, on finit par leur interdire d’exister.
Décidément, « trouble à l’ordre public » est un terme que les amis de Nicolas Sarkozy utilisent beaucoup, c’est déjà la rhétorique du fichier EDVIGE.