Ségolène Royal en Provence

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Avant sa rentrée au Zénith, elle parcourt la région pour rencontrer les lecteurs de son livre à Nice, Aix et Marseille.


Encore une fois, Ségolène Royal impose son calendrier, bien en amont du congrès du PS, en novembre. Fin juin, elle présentait sa contribution. En ce mois d'août, elle défend son analyse de la société française menée avec le sociologue Alain Touraine dans leur livre Si la gauche veut des idées. Aujourd'hui, elle rencontre ses lecteurs à Aix et Marseille et répond, offensive, à La Provence.


- Ce livre, c'est votre nouveau programme présidentiel ?

Ségolène Royal : N'instrumentalisez pas tout. Je n'ai pas vécu ainsi mon travail d'échange et de réflexion avec Alain Touraine. Mais vous avez partiellement raison sur le fond. Durant la campagne, parce que la communication réduit tout, nous n'avons pas pu creuser certains thèmes majeurs. Par exemple celui des retraites. Mais ce livre-dialogue est loin de tout enjeu de pouvoir.


- Ce dialogue vous a-t-il permis de comprendre certaines lacunes de votre campagne ?

S.R. : Oui, sur les retraites, nous avons commis des erreurs. Le PS n'avait pas de proposition claire. Je me refusais à aller dans le sens de Nicolas Sarkozy qui a promis avec démagogie une réévaluation de 25 % des petites retraites et n'est parvenu qu'à créer des nouveaux pauvres chez les retraités. Mais nous avons sans doute perdu des voix parce que nous n'avons pas su développer un vrai programme sur ce thème.


- C'est un des chapitres dérangeants de votre ouvrage…

S.R. : Nous avons travaillé avec des économistes de haut niveau sur ce thème et d'autres. Nous proposons un système inspiré de la Suède. Chaque cotisant aurait un compte sur lequel il accumule des points au cours de sa vie active afin de déterminer le montant de sa pension lorsqu'il choisit de partir en retraite. Avec un système de formation pour s'adapter aux périodes de chômage et aux changements de métiers. Les Français sont prêts aux réformes si l'État les protège au lieu de les malmener.


- Rencontrer vos lecteurs, cela vous permet de sentir ce qu'attend l'opinion ?

S.R. : Je sens que les Français sont déprimés, que l'avenir leur fait peur. Mais ils ont conscience que la mondialisation influe sur leur quotidien. Le pétrole, les crises bancaires, au bout du compte, c'est leur pouvoir d'achat qui est en jeu. Alors, ils ont soif de pédagogie, soif de politiques qui bâtissent un pays où l'économie est au service de l'humain, où on ne met pas les salariés au passif et les machines à l'actif. Je défends une mondialisation positive, créatrice de richesses.


- Élue de terrain, comment jugez-vous la nouvelle carte militaire ?

S.R. : Ce n'est pas seulement parce que je suis fille de militaire mais je pense qu'on s'attaque aux fondamentaux de la société en cassant ce service public. Pourquoi fermer des bases alors que l'on pourrait y développer un service militaire de défense opérationnelle du territoire pour les jeunes « incasables » ?


- Vous êtes sévère sur la « guerre amère » au sein du PS.

S.R. : Mon parti ne donne pas une belle image de démocratie mais je ne participe à aucune bataille et aucune opération d'appareil. Les militants trancheront. Je ferai ma rentrée le 27 septembre lors d'un « Rassemblement de la Fraternité » au Zénith avec des artistes, des salariés, des politiques, des syndicalistes… Je souhaite des retrouvailles après le dernier meeting de la campagne présidentielle à Charléty.


Par Philippe Larue (
plarue@laprovence-presse.fr)

Source : La Provence

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