Quand le ministère de l'immigration fait travailler des sans-papiers
Le Centre de Rétention Administrative du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), désormais célèbre pour ses incendies de matelas et ses manifestations, est actuellement en chantier pour son extension. L'ancien centre comporte 140 places. Le nouveau centre pourrait accueillir 240 personnes (enfin, le mot "accueillir" n'est peut-être pas de circonstance).
On a découvert subrepticement que trois ouvriers du chantier, employés par une société sous-traitante, était sans papiers.
Très curieusement, ce sont les employés de la société de sécurité qui ont découvert que deux d’entre eux n’étaient pas en règle, lors de leur accès au site la semaine dernière. Depuis quand des sociétés de sécurité ont-elles le droit de contrôler les papiers ? Il me semblait qu’il fallait être assermentés (donc dans la police ou la gendarmerie) pour avoir le droit de vérifier des papiers d’identité.
Ces 2 personnes ont été immédiatement internées dans le centre, la 3e ayant été interpellée 3 jours plus tard. Les informations glânées ça et là ne disent pas comment l'absence de papier en règle de cette personne a été détectée. Je ne m'étendrai pas là-dessus, mais j'ai une petite idée : en échange d'un "service".
Notez que c’est pratique de les arrêter sur place, ça a fait faire des économies de transfert !
On peut se poser la question de la responsabilité de la société qui effectue les travaux, la SCREG (qui n’a pas pu être jointe), de la Préfecture de Seine-et-Marne (qui n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, selon la formule consacrée) et, au-delà, celle du ministère de l’immigration qui a commandité les travaux. Il faut espérer que les avocats qui vont défendre le dossier de ces trois personnes pourront exploiter la faille.
A l’occasion de cette affaire, je découvre que 255 gendarmes seront dévolus au fonctionnement du nouveau centre. Plus qu’un gendarme par personne retenue. Ces pauvres hères, qui souhaitent juste travailler, sont-ils si dangereux ?