Devedjian précipite la fin de carrière du Directeur Général de l’EPAD

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Bouquet final pour « le cardinal ». Alors qu'il célébrait, mardi 9 septembre, avec un grand feu d'artifice, les 50 ans du quartier d'affaires de la Défense, Bernard Bled – qui doit son surnom à sa petite barbiche à la Richelieu – s'attend à devoir quitter, dans les prochains jours, ses fonctions de directeur général de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (EPAD) qu'il occupe depuis 2004. Un départ obtenu par Patrick Devedjian avec l'accord de Nicolas Sarkozy.


A 64 ans, M. Bled était à quelques mois de la retraite. En précipitant la fin de sa carrière, le nouveau patron du conseil général des Hauts-de-Seine donne un nouveau signe de sa volonté de « 
changer d'époque » après avoir annoncé, en juillet, son désir de « nettoyer les écuries d'Augias » dans son département. M. Bled est, en effet, un proche de Charles Pasqua, patron du conseil général de 1988 à 2004. « Je connais M. Pasqua depuis trente-cinq ans. Il m'a appelé il y a dix jours pour me dire qu'il restait mon ami », insiste M. Bled, qui se plaint de ne pas avoir été informé par M. Devedjian de son intention de le limoger.


Avant d'avoir été repêché par M. Pasqua en 2001 après la défaite de la droite dans la capitale, M. Bled a « régné » près de vingt ans sur la machine politico-administrative de Paris sous les mandats de Jacques Chirac et Jean Tiberi. Son nom a été étroitement mêlé aux « affaires » de la Ville de Paris qui ont émaillé la chronique de la mandature de M. Tiberi, de 1995 à 2001. En 2003, M. Bled a été mis en en examen dans l'affaire des chargés de mission de la Ville de Paris.


En 2001, M. Bled avait été nommé au poste stratégique de directeur des services des Hauts-de-Seine par M. Pasqua. En 2004, il a été mis en examen dans l'affaire Hamon, qui porte sur des soupçons de malversations qui auraient été commises au détriment du conseil général des Hauts-de-Seine à l'occasion d'un projet de création d'une fondation d'art contemporain engagé sous la présidence de M. Pasqua.


« JE SUIS PLUTÔT LE CULBUTO DE LA VIE POLITIQUE PARISIENNE »


« On m'appelle le cardinal, mais je suis plutôt le culbuto de la vie politique parisienne
, fanfaronne M. Bled, ce petit jouet qui se redresse toujours, même quand on tente de le faire tomber. »


En mettant fin à ses fonctions, M. Devedjian donne un gage de sa volonté d'avoir les coudées franches en tant que président du conseil d'administration de l'EPAD, à l'heure ou de gros enjeux financiers se dessinent pour l'avenir de la Défense. En délicate négociation avec l'Etat, qui s'apprête à transférer les charges de gestion et d'exploitation du quartier d'affaires au département mais aussi à Puteaux et à Courbevoie, M. Devedjian veut pouvoir s'appuyer sur un homme en qui il ait confiance. Or, son entourage déplore les « 
mauvaises relations entre les deux hommes depuis des mois ».


M. Bled se voit reprocher de ne pas avoir transmis assez vite certaines informations financières à M. Devedjian telles que le montant des prix de vente proposés par l'EPAD aux promoteurs. Il est aussi épinglé pour ses dépenses de communication pour des opérations telles que la plantation d'une vigne en plein cœur du quartier d'affaires...


Mais le départ de M. Bled ne s'est pas fait sans le feu vert de M. Sarkozy, qui donne ainsi un gage d'apaisement avec M. Devedjian. Le chef de l'Etat aurait eu de toute façon mauvaise grâce à s'y opposer. Lui-même, à peine élu président des Hauts-de-Seine en 2004, avait démis M. Bled de son poste de directeur général des services, pour le recaser à la direction générale de l'EPAD. A l'époque, il lui offrait ainsi un placard doré, puisque l'EPAD était supposé fermer en 2007.


« J'ai convaincu M. Sarkozy de mettre en œuvre un plan de renouveau de la Défense »
, prétend M. Bled. Ce plan adopté en 2006 prévoit la construction de 450 000 m2 de nouveaux bureaux mais aussi la prolongation de l'EPAD jusqu'en 2015. « Ce sont les efforts de communication qui ont permis à l'EPAD de réussir à vendre tous les nouveaux mètres carrés du plan de renouveau », assure M. Bled.


M. Devedjian a souhaité pour le remplacer la nomination de Philippe Chaix, actuel secrétaire général de la préfecture des Hauts-de-Seine. En accord avec le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant. Le « culbuto » Bled est en train de lancer un cercle politique, Paripheric, pour s'investir dans le projet du Grand Paris.


Béatrice Jérôme

Source : Le Monde

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