Intéressement, mais pour qui ?
Par l'équipe de Ségolène Royal
Nicolas Sarkozy a annoncé un crédit d'impôt de 20 % pour les entreprises qui verseront pour la première fois une prime d'intéressement à leurs salariés ou qui augmenteront les sommes versées. Il souhaite quadrupler les montants affectés à intéressement et participation en cinq ans.
Trois remarques.
- Alors que les salariés ont besoin d'une hausse de salaire pour faire face à la hausse des prix, on leur propose une mesure qui ne concerne que quelques-uns, dans les entreprises qui font des bénéfices, en leur versant ce que les actionnaires n'auront pas exigé. C'est aussi bancal que la mesure sur les heures supplémentaires.
- La réaction du MEDEF montre bien le sens de la mesure : faire partager par les salariés les objectifs de rentabilité financière des entreprises, sans aller jusqu'au bout du raisonnement. Si on veut aller vers une plus grande association des salariés, il ne faut pas se limiter à une portion congrue des bénéfices octroyée par les actionnaires, il faut partager les décisions et ouvrir les conseils d'administration aux représentants des salariés (c'est ce que Ségolène Royal déjà eu l'occasion de proposer).
- C'est une nouvelle illustration de l'incohérence du gouvernement : un jour on taxe l'épargne de tous les Français (avec la nouvelle taxe de 1,1 % sur les comptes d'épargne et l'assurance-vie), un autre on lance un nouveau crédit d'impôt en faveur des entreprises, tout en disant que l'on veut limiter l'effet des niches fiscales.
Mon commentaire : et quid des très petites entreprises qui emploient entre 0 et 9 personnes et qui constituent pourtant une part importante du salariat (37 % en 2006) ? Elles seraient bien en peine de reverser de l’intéressement, avec un chiffre d’affaires inférieur à 2 millions d’euros, même s’il n’y a aucun risque d’opposition de la part des actionnaires.