Dominique Wolton : Ségolène Royal essaie de faire bouger les lignes

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Le sociologue Dominique Wolton, chercheur et spécialiste de la communication, juge, après le « show » politique du Zénith, que Ségolène Royal essaie de « faire bouger les lignes » et « fout un sacré coup de vieux » à ses collègues.


Directeur de recherches au CNRS, M. Wolton estime mardi dans un entretien avec l'AFP, que l'ex-candidate PS à l'élection présidentielle, qui a organisé samedi un « rassemblement de la fraternité », mêlant musique et politique, « fout quand même un sacré coup de vieux à tous ses autres collègues qui sont incapables de sortir d'une langue de bois insupportable ».


Lui qui souligne n'avoir pas de « sympathie particulière » pour Mme Royal, juge cependant qu'elle « essaie de trouver quelque chose, comme François Bayrou, dans un registre différent ».


Est-ce une nouvelle façon de faire de la politique ? La responsable socialiste « illustre le fait qu'il va falloir trouver autre chose », répond M. Wolton. « Je ne dis pas que c'est bien », mais « il ne se passe rien par ailleurs », assène-t-il, alors que de nombreuses critiques ont visé ce show, notamment au sein du PS.


« Il y aurait trois-quatre autres manières de faire de la politique simultanément, je dirais +elle charrie+, mais comme on est dans le vide absolu ! ». « Comme personne ne croit plus à ce que les politiques, de droite comme de gauche, racontent », sa démarche se justifie.


Face à « la très forte montée de radicalisme, avec Olivier Besancenot », « cette femme, à sa manière, essaie de capter ça », observe-t-il.


« Il y a un tel décalage entre le sentiment de révolte et l'incapacité du discours politique que je ne vois pas pourquoi on disqualifie immédiatement quelqu'un qui n'est pas dans la doxa » (opinion généralement admise), juge M. Wolton.


La forme n'occulte-t-elle pas le fond ? « Apparemment, oui. Dans cette forme démonstrative, il y a quelque chose d'autre qui passe (...) Ce n'est pas le triomphe de la forme, car toujours dans la forme, il y a une recherche de fond », estime M. Wolton pour qui Mme Royal « fait bouger les lignes ».


« Prenez Sarkozy -ce n'est pas ma tasse de thé- mais il a bousculé les choses par une capacité intellectuelle - même si cela ne donne rien - à simplifier le discours politique avec questions-réponses. Cela a marché », poursuit-il.


« La simplification du discours chez Sarkozy est telle qu'elle va obliger les autres à être simple comme cela ».


« Elle fait un signe au public en disant +j'essaie de vous chercher+ », selon le chercheur.


Pourquoi tant de haine ? « Elle suscite le rejet, parce que sans s'en rendre compte, elle sort des lignes, comme d'une certaine manière de Gaulle ou Mitterrand sortaient des lignes », juge M. Wolton.


Pour l'expert, « les gens ne sont pas dépolitisés, mais on n'a pas les mots, les concepts, on ne comprend pas comment les gens sont politisés. La révolte est aussi forte aujourd'hui qu'hier. Est-ce qu'il faut changer les styles ? A partir de quand est-ce qu'il ne faut pas abandonner certaines identités fondamentales ? Ce n'est pas en campant sur un discours classique que l'on peut rattraper le désir d'indignation ».


Mme Royal va-t-elle poursuivre dans cette voie ? « Elle est emportée par sa volonté de rupture, son ambition, sa volonté existentielle. Ce n'est pas que de la tactique, elle y perd des plumes aussi. Il faut reconnaître qu'il y a une prise de risque de sa part ».


Source : AFP

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E
http://maiblog.over-blog.com/article-23409942.html<br /> Ils n'ont pas pu s'en empêcher... Elle les escagasse encore, les horripile toujours autant, les hystérise plus que jamais ! Relookée par l'ami des stars Dominique Besnehard et coachée par Ariane Mnouchkine, la "Ségo new look" avait à peine esquissé quelques moulinets le samedi 27 seotembre sur la scène du Zéntih de Paris qu'elle a reçu un tombereau de moqueries et d'attaques toutes plus violentes les unes que les autres venant... de son propre camp, comme d'habitude. Martine Aubry qui, il est vrai, a fait preuve de moins d'audace corporelle devant les 200 militants venus l'écouter à la fête de la Rose d'Ingré  (Loiret), a lâché un cinglant "chacun son style".  L'austère qui ne se marre pas, Bertrand Delanoë, engoncé dans son petit costime de fondé de pouvoir de la Jospinie, s'est vanté d'être, lui, "quelqu'un de naturel"... Quant à Henri Emmanuelli, il a balancé une saillie digne de la logorrhée du sarkozyste Frédéric Lefebvre en dénonçant une "secte" et en moquant son mot d'ordre "fraternité". C'est vrai ça, à quoi bon chanter cette valeur qui figure au fronton de nos mairies quand on voit la saine ambiance de camaraderie qui règne au sein du PS ?On peut craindre que la performance de la présidente de la région Poitou-Charentes n'ait pas contribué à la présidentialiser d'avantage aux yeux de l'opinion. Mais elle a au moins eu un grand mérite : celui de montrer que ceux qui l'ont plombée avec tant de "fraternité" au printemps 2007 n'ont, eux non plus, pas changé. Jusqu'à renouveler l'erreur de s'acharner sur une concurrente qu'ils prétendent pourtant considérer comme "nulle"...Est-ce à dire que Royal ne le serait pas tant que ça et que la seule dirigeante PS capable de rassembler 4 000 supporters pourrait arriver en tête du vote des militants pour le congrès de Reims ?par Renaud Dely dans Marianne n° 598 du 4 octobre
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