Nouveau soutien à la motion "L'espoir à gauche, fier(e)s d'être socialistes"
Pierre-Yves Le Borgn' explique les raisons de son ralliement à la motion "L'espoir à gauche, fier(e)s d'être socialistes".
Chères et chers camarades,
La campagne pour le Congrès de Reims est ouverte depuis le Conseil National du 23 septembre dernier. Les 21 contributions nationales présentées le 2 juillet se sont fondues dans 6 motions d’orientation, sur lesquelles les adhérents du Parti Socialiste seront appelés à se prononcer le 6 novembre prochain. J’ai choisi d’apporter mon soutien et ma signature à la motion « L’espoir à gauche, fier(e)s d’être socialistes », dont Gérard Collomb est le premier signataire. Cette motion résulte de la fusion des quatre contributions initiales de Gérard Collomb, Ségolène Royal, Gaëtan Gorce et Frédéric Léveillé.
Je souhaite ici expliquer les raisons de mon choix. Cette motion, sans doute n’y aurais-je pas contribué si je n’avais pas vécu de l’intérieur, comme responsable fédéral, le délabrement progressif et accablant du Parti Socialiste ces dernières années. Elle se fonde sur un constat cruel : l’esprit collectif qui fut si longtemps notre force, notre marque et notre fierté s’est perdu à force d’arrangements de court terme, de cacophonie savamment entretenue, de bal des égos et de synthèses politiques invertébrées. C’est peu dire que le courage politique a souvent manqué. La clarté aussi. Le Parti Socialiste est devenu inaudible. Cela fait longtemps qu’il ne travaille plus. Longtemps aussi qu’il n’écoute plus la société.
Tout débat dans le Parti est désormais associé à un enjeu de pouvoir, encourageant systématiquement la tactique au détriment du fond. Les sujets qui divisent sont prestement évacués et les petites différences artificiellement gonflées. Voilà plus de dix ans que n’a plus été réunie la moindre Convention Nationale ! Là où, sur le fond des politiques, il aurait fallu maintes fois foncer, prendre des risques, jouer la saine confrontation de nos idées, il ne fut question que de temporiser. Un an et demi ont passé depuis la défaite à l’élection présidentielle et la rénovation, la vraie, n’a toujours pas commencé. Car il n’y pas de rénovation qui vaille si, comme au printemps dernier, il est tout simplement dénié aux militants le droit de valider leurs propres amendements par le vote.
Voilà comment, prisonnier de ses errements, englué dans le non-dit, le Parti Socialiste n’a pas vu l’évolution récente du monde. Voilà pourquoi il campe sur une vision datée de la société, passant à côté de toutes les inégalités nouvelles que les scrutins ont pourtant mis en lumière et présentant de fait des propositions régulièrement décalées par rapport aux attentes des Français. Le Parti Socialiste est frileux. Rien ou presque sur le vieillissement de la population, la crise écologique, la financiarisation de l’économie ou l’avenir énergétique. Autant de sujets majeurs sur lesquels, pourtant, les Français nous attendent depuis longtemps et désespèrent de notre silence, au risque d’identifier François Bayrou et Olivier Besancenot comme la véritable opposition dans le pays.
Je ne me serais pas engagé derrière un texte qui ne soit ni réformiste, ni européen, ni fidèle aux valeurs du socialisme. Ce triptyque est ma boussole politique depuis toujours. Le réformisme, la volonté européenne, l’idéal socialiste, je les ai trouvés dans la motion «L’espoir à gauche, fier(e)s d’être socialistes». Parce que nous les y avons inscrits. Cette motion est le fruit d’un travail participatif, assis sur plus de 2 000 contributions militantes préparées depuis le mois de mai. Signataires, nous n’en sommes pas les zélateurs passifs, mais les co-auteurs. C’est la force de la démocratie participative, cette méthode qui doit être développée au cœur du Parti Socialiste, à mesure qu’il s’ouvrira pour devenir le véritable reflet de la société française. Il faut associer en permanence les militants et les sympathisants à la réflexion du Parti. J’applaudis à la proposition de donner un droit d’interpellation et d’amendement aux associations et aux syndicats dans la phase préparatoire de nos Conventions et Congrès. Comme l’écrit la motion, à lui tout seul, le Parti Socialiste ne peut prétendre détenir toutes les réponses.
Il nous faut un Parti largement décentralisé, qui donne aux Fédérations le pouvoir d’animer les débats et de faire des propositions, qui deviendront celles du PS tout entier. C’est un pari sur l’intelligence, la responsabilité et l’engagement de chacun. Un Parti moderne, c’est un Parti qui vit, qui partage, qui propose au plus près des faits. Un Parti moderne, c’est aussi un Parti qui écoute sa base et qui, plus encore, sait la respecter. Plus jamais nous ne devrons revivre une saga telle celle, l’été dernier, des députés des Français de l’étranger, proposition issue des rangs de la FFE, reprise des années durant par les projets socialistes successifs et pourtant écartée en catimini par la direction du Parti Socialiste à la veille d’un vote essentiel au Parlement. Tout cela pour voir finalement, mobilisation de la FFE aidant, notre premier responsable national reconnaître l’erreur et exprimer ses regrets devant la Convention Fédérale quelques semaines après.
Je m’inscris dans le travail participatif qui conduit la motion à faire des propositions précises en matière de retraites, d’imposition, de pouvoir d’achat, d’environnement, de citoyenneté et de laïcité. Oui, par exemple, à l’unification des régimes de retraites sur la base de la réforme conduite en Suède. Oui à un autre calcul de la croissance, qui prenne en compte les dégâts du capitalisme sur le patrimoine écologique. Non à la privatisation d’EDF et d’Areva et oui à une taxe sur les profits de Total, qui finance un fonds « après pétrole », servant à subventionner le déploiement des énergies renouvelables et les transports publics propres. Oui à la suppression du paquet fiscal de Nicolas Sarkozy, dont le produit serait réparti entre la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, l’augmentation du budget de la recherche et la baisse de la dette. Oui, aussi, à la suppression des niches fiscales, qui conduira à réduire les taux d’imposition pour tous les Français. Oui, enfin, à un service national civique obligatoire pour tous les jeunes au service des initiatives collectives à mener dans notre pays.
N’ayons pas peur de frapper fort. Lutter contre Nicolas Sarkozy, c’est condamner la paupérisation voulue du service public télévisuel consécutive à la suppression de la publicité sur les chaînes de France Télévision et les millions d’Euros ainsi garantis aux amis Bouygues, Bolloré, Lagardère et autres. Alors proclamons que la défense de la liberté des médias est une cause nationale et que tout groupe privé, quel qu’il soit, dès lors qu’il vit de la commande publique, ne pourra détenir plus de 25% dans les grands médias. C’est un enjeu majeur dans la vie démocratique. Je m’arrête là. Ecouter la société, faire vivre la démocratie militante, formuler des propositions courageuses, voilà ce qui me conduit à soutenir la motion « L’espoir à gauche, fier(e) d’être socialistes ». Puissent ces propositions faire leur chemin dans le débat et contribuer ainsi au texte final du Congrès de Reims. Car l’échange qui s’engage doit être constructif, sincère et toujours, toujours amical. Il ne doit y avoir aucune exclusive. Je salue les amis qui font un autre choix que le mien. Au-delà de ce Congrès, si nous avons la volonté collective de le réussir, c’est ensemble que nous remettrons le Parti Socialiste au travail, en situation de s’opposer à Nicolas Sarkozy et de gagner en 2012.
A nous tous de relever ce défi.
Sincères amitiés socialistes,
Pierre-Yves Le Borgn’
1er secrétaire de la Fédération des Français de l’Etranger (FFE)