Derrière le miroir de la crise financière

Publié le

Par Najat Vallaud-Belkacem

Bonjour à toutes et à tous,


Heureuse de vous retrouver pour évoquer avec vous quelques uns des faits marquants de ces derniers jours particulièrement agités, encore et toujours, pour les marchés financiers malgré les plans de sauvetage des Etats, malgré les gestes convergents des banques centrales destinés à rassurer les marchés. Et certains, dont nombre d’entre vous sur ce blog, de s’interroger légitimement sur cette capacité inédite des gouvernements à mobiliser des sommes considérables qu’on ne pensait pas disponibles, ou qui ne l’ont en tous les cas pas été pour d’autres politiques, pour d’autres sauvetages plus nécessaires encore, en Afrique par exemple. Des explications seront nécessaires…


La crise financière se propage désormais à l’économie réelle, le BTP ayant annoncé 180.000 suppressions d’emplois en France dans les années qui viennent. Quand le bâtiment ne va pas… Car il faut bien le dire, ni l'Etat, ni les collectivités locales aujourd’hui étranglées par les transferts de charges, par le rétrécissement et le renchérissement du crédit comme par le repli inédit des recettes fiscales, n’ont la possibilité de conduire une politique contra-cyclique. Les lendemains qui chantent ne sont pas à l’ordre du jour, sauf peut être pour les banques et pour le système financiers auquel les Etats offrent aujourd’hui un super parachute doré ! la proposition de Bernard Accoyer d’amnistier ceux des fraudeurs qui rapatrieraient leurs capitaux en France n’en est que plus grotesque…


Le RASED sur le fil du rasoir


Plus inaperçue du coup est passée la loi de finances pour 2009 et en particulier le budget de l’Education. L’enseignement primaire auquel j’attache une attention particulière va ainsi payer durement le prix des réductions de postes.


Etrange programme lorsqu'on sait, pardon de le répéter à nouveau sur ce blog, que l’essentiel des inégalités dans la réussite scolaire est acquis avant la sixième; et que, plus encore, le poids du redoublement, notamment au CP, des élèves issus de milieu défavorisé atteste d'une différenciation sociale extrêmement élevée à l'âge de 5 ans déjà! J'ai souvent eu l'occasion de vous renvoyer sur ce sujet à l’étude de Davaillon et Nauze-Fichet qui établit une si forte corrélation entre redoublement et niveau de revenu des parents: Parmi les élèves entrés au collège en 1995, 95,2 % des enfants de cadre et 97,9 % des enfants d’enseignants sont parvenus au CE2 sans avoir redoublé ; ils ne sont que 73, 8 % chez les enfants d’ouvriers non-qualifiés et 69,5 % chez les enfants d’inactifs. Cet impact se retrouve au collège, où les écarts entre groupes sociaux sont encore plus importants : 95,6 % des enfants d’enseignants entrés en 6ème en 1995 sont parvenus en 4ème générale trois ans plus tard, ils ne sont que 56,3 % pour les enfants d’ouvriers non-qualifiés.


Alors donc que le poids du primaire dans le processus de différenciation des trajectoires scolaires est prépondérant, le projet de budget 2009 du gouvernement prévoit pas moins de 6 000 suppressions d’emplois dans les écoles élémentaires et maternelles à la rentrée 2009. A cela, il faut ajouter la mise à mort des Réseaux d’aides spécialisées pour les élèves en difficulté (RASED) qui bénéficiaient à 150.000 élèves chaque année. Les 3 000 postes d’enseignants spécialisés formés aux aides pédagogique, rééducative et psychologique seront supprimés pour céder la place aux fameuses heures de soutien, avec des maîtres non spécialisés, alourdissant la journée scolaire des enfants. Tout va bien Madame la marquise...


Edvige, vous n’auriez pas vu Edvige ?


Qui dans le brouhaha de la débâcle financière a réentendu parlé d’Edvige ? Pourtant, l’histoire n’est pas terminée. Malgré les promesses du premier Ministre et les postures outragées du Président le plus liberticide que la France ait connu depuis Mac Mahon, le Décret n’a été ni retiré, ni modifié. Il aura encore fallu compter sur la vigilance des associations qui ont saisi le Conseil d’Etat pour bloquer son application, la suppression d’Edvige n’étant pas même envisagée dans le projet de nouveau décret.


N'y voyez surtout aucun lien avec cette initiative pour le moins déplacée des renseignements généraux du Rhône (opportunément devenue ensuite initiative personnelle d'un agent...) qui ont sollicité, il y a quelques jours, en ces termes, les services du Conseil régional Rhône-Alpes : « Auriez-vous l’amabilité de m’indiquer si parmi votre personnel, vous avez des agents de confession autre que chrétienne. Dans l’affirmative pouvez vous me dire si certains d’entre eux ont demandé des aménagements d’horaires ou de service pour pratiquer leur religion. ». Une question à laquelle la Région a naturellement refusé de répondre et qui n’est pas sans rappeler la récente délibération du Conseil général du Rhône, sur laquelle j’ai interpellé la majorité, prévoyant que les agents désireux d’obtenir des congés pour motif religieux, devaient l’indiquer à leur chef de service. Comme si cela ne relevait pas de la vie privée et ne devait pas être régi par les règles habituelles applicables à la fonction publique.


Sans papier et sans Cimade


Inaperçu ou presque est également passé le Décret paru fin août qui met fin à la mission nationale de la


Le Décret lance, en lieu et place de la mission historique de la


Il faudra plus qu’un prix de l’intégration, invention grossière et pathétique digne d’une exposition coloniale, pour nous faire croire à l’humanité de Brice Hortefeux.


Mais puisqu'on vous dit que tout va bien !...


Source : blog de

Najat Vallaud-BelkacemCimade, un appel à candidature dans huit zones géographiques. Il cherche à instrumentaliser les associations et à les mettre en concurrence. Diviser pour mieux régner. Ce décret cache mal les ficelles d’une manipulation grossière consistant pour le ministère de l’Immigration à affaiblir les missions de la Cimade en faveur des sans papier, à briser son rôle de contre-pouvoir et de garant des dérives de la politique migratoire racialiste et productiviste du gouvernement. Il réduit les missions en faveur des étrangers retenus à une simple fonction d'« information, en vue de l'exercice de leurs droits ». L'aide juridique qui était jusqu'à présent assurée se trouve ainsi minorée et dès lors les droits des étrangers entravés.Cimade sur l'assistance matérielle et juridique aux sans-papiers dans les centres de rétention. Un décret bien dans l’esprit de la Directive européenne « Retour » qui autorise la rétention jusqu’à 18 mois et institutionnalise ces lieux de rétention, ou de réclusion, à l’écart du contrôle démocratique et de l’action des associations humanitaires.
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