J’ai mal à mon parti
La commission des résolutions s’est réunie cette nuit au congrès du PS qui se déroule actuellement à Reims et de cette « nuit de longs couteaux », terme communément utilisé qui en dit long sur la « fraternité » qui règne au PS, rien n’est sorti qui pourrait remettre un peu de sérénité dans notre parti.
On apprend, après des jours de tractations, que ceux qui voulaient à tout prix éliminer Ségolène Royal (Martine Aubry, Bertrand Delanoë et Benoit Hamon) ne se sont pas entendus, mais se sont-ils seulement écoutés pendant ce temps, tout occupés qu’ils étaient de persuader qu’ils sont la ou le mieux qualifié(e) pour diriger le parti pour les 3 années à venir, tout persuadés qu’ils étaient de leur stature de présidentiable ? Ils se sont sans doute contentés de s’écouter parler, ce qu’ils ont coutume de faire aussi lorsqu’ils s’adressent à l’ensemble des socialistes, en méprisant leur choix sur la motion qui leur semble la plus efficace, la plus moderne, celle qui remettra le parti en ordre de bataille contre celui qui devrait être notre seul adversaire : Nicolas Sarkozy.
Nous militants de base, avons essayé d’échanger depuis longtemps avec nos camarades défendant d’autres motions. Mais leur leitmotiv consistait à déclarer que 71 % des militants avait voté contre la motion E. Nous avions beau leur expliquer qu’on n’additionne pas ainsi des choux et des carottes. La preuve est faite qu’effectivement Aubry, Delanoë, Hamon, ça ne s’additionne pas.
Le front des anti-Ségolène se trouve ainsi divisé entre 2 candidats au poste de 1er secrétaire : Martine Aubry et Benoit Hamon.
Nos camarades (mais peut-on encore utiliser ce mot ?) sont-ils au fait que tous les débats étaient diffusés sur les chaînes LCP et Public Sénat et certains sur LCI. Bien entendu, me dira-t-on, ces chaînes sont moins visibles que les chaînes hertziennes.
Il n’empêche que les français ont découvert les huées lorsqu’une candidate évoque la « tendresse » mais aucune lorsqu’une autre parle de « douceur » !
Ils ont découvert la mauvaise foi de nombre d’orateurs, les haines déclarées « parce que c’est comme ça », sans justification ou parce qu’elle porte tel vêtement, qu’elle est coiffée de telle manière, que sa voix n’est pas agréable… Mais nos « amis » sont-ils tous parfaits ou l’ont-ils toujours été dans ces domaines ?
Ils découvriront peut-être les sifflets lorsque Ségolène Royal a évoqué les personnes contraintes de chercher leur alimentation dans les poubelles des supermarchés.
Ils ont découvert qu’une proposition dans la bouche d’un candidat recueille des applaudissements, alors qu’elle a fait l’objet d’indifférence, voire de critiques, lorsqu’une autre l’a inscrite dans son programme de la présidentielle 2 ans auparavant ou dans sa motion plus récemment.
Ils ont découvert qu’une posture locale est acceptable pour gagner ou conserver un mandat électoral mais qu’elle est intolérable au niveau national pour vaincre le candidat qui est en train de casser durablement notre modèle social et la prospérité de notre pays, au profit exclusif d’une petite caste de nantis.
Oui, la France sait maintenant que la teneur réelle de l’opposition à Ségolène Royal, à l’intérieur du PS, est sans fondement. Elle sait aussi que ces personnes, juste intéressées par le maintien de leurs postes confortables dans les instances du parti et leurs mandats électoraux, ne s’intéressent que peu à leurs souffrances, n’ont même parfois aucune idée de ces souffrances.
Ségolène Royal, interrogée juste avant le congrès par une journaliste de télévision, avide de savoir si elle était candidate, a d’abord voulu réagir à un reportage sur les familles surendettées, sujet pour elle plus important que cette éventualité. Voilà ce qu’on doit attendre d’un candidat au poste de 1er secrétaire : ne pas mettre l’actualité entre parenthèse parce qu’on est en période de congrès, démontrant par là-même son intérêt pour la vie de nos concitoyens.
Car, pendant ce temps, dans la discrétion, le président et son gouvernement profitent du brouhaha généré par nos querelles pour continuer leur œuvre destructrice.
Prenons garde, mes camarades, que les français ne se tournent définitivement vers des mouvements qui leur semblent plus proches d’eux. Pour conserver vos prébendes et vos mandats, encore faut-il que notre parti continue d’exister autrement que comme groupuscule.
Aujourd’hui, j’ai mal à mon parti. Vous avez 4 jours pour trouver un remède à cette douleur.