Ségolène Royal en syndicaliste à Florange
Raillant « les mesurettes » du chef de l'Etat, l'élue socialiste a proposé hier aux syndicalistes d'ArcelorMittal de conduire une délégation pour rappeler le président à ses engagements vis-à-vis des sidérurgistes.
« Nous sommes tous des élus socialistes. Je ne ferai aucune polémique politicienne, par respect pour les salariés qui traversent des moments graves ». Pour Ségolène Royal, l'absence à ses côtés de tout représentant de la rue de Solférino ne constitue en rien un indicateur. Tout juste un motif de polémique auquel l'élue poitevine refuse de donner prise. Certains attribueront cette 3e visite de l'année dans le bassin sidérurgique mosellan à un travail acharné de présidentialisation de son image. Au moment où le chef de l'Etat dévoile son plan de relance, dont elle minimise aussitôt l'impact, Royal revient vers les salariés d'ArcelorMittal : « Moi, je tiens mes promesses », explique-t-elle, sans qu'il lui soit besoin d'en dire davantage. Les syndicalistes réunis en mairie de Florange acquiescent : « La venue du président de la République, on l'attend. La plaque de marbre est prête, il reste encore quelques semaines avant la fin de l'année », relève en écho l'un d'eux, qui s'empresse d'ajouter dépité : « Mais il est vrai que les promesses n'engagent que ceux qui les croient. »
« L'avenir de nos marmites »
Bien qu'à l'écoute, Ségolène Royal n'est pas venue les mains vides. Plan de relance pour plan de relance, l'ex-candidate à l'Élysée préconise la suppression du paquet fiscal : « Ce qui permettrait d'assurer un 13e mois à 8 millions de Français », indique-t-elle face à une nuée de caméras. Second volet de la fusée : « La suppression des niches fiscales représenterait un chèque pour Noël d'un montant de 1 000 €, pour 20 millions de salariés » aux revenus modestes.
A leur tour, les sidérurgistes martèlent leurs priorités, au premier rang desquelles l'application urgente des promesses d'investissement de plus de 300 Millions d’euros sur les hauts fourneaux. « Ce qui nous inquiète, c'est l'avenir de nos marmites », expédie le cégétiste Georges Muschiati. « D'autant qu'on dispose d'un outil performant », complète le cédétiste Edouard Martin, en explicitant : « Le meilleur coût mondial du collé à chaud. »
En terme d'emploi, 2008 restera pour la vallée une année noire : « Aux 1 400 emplois que Mittal veut supprimer en France, et qui vont principalement peser sur les grands bureaux de Florange, il faut ajouter les 600 suppressions déjà actées de Gandrange et les 400 sous-traitants à la ramasse » , glisse avec consternation un représentant de la CFE-CGC. Royal en tire un nouvel argument : « Je ne vois pas comment on fait un plan de relance sans disposition pour soutenir la sous-traitance », objecte-t-elle en fustigeant « le cynisme » du locataire de l'Élysée, auquel elle reproche « d'avoir perdu le sens des réalités ». Question méthode, l'oratrice s'interroge sur la marche à suivre : « On ne va pas lui réécrire une nouvelle lettre, mais je suis prête à lui demander une audience et à conduire une délégation », propose-t-elle à ses hôtes, qui acceptent aussitôt l'offre de service. En attendant, Royal intime à Nicolas Sarkozy de « réduire l'écart entre le discours et les actes ». « Dans son plan de relance, le chef de l'Etat indique vouloir le remboursement des subventions publiques investies dans les entreprises qui suppriment des emplois alors qu'elles sont bénéficiaires. Voilà l'occasion rêvée de passer aux actes », conclut-elle, consciente du succès rencontré par sa suggestion.
Xavier BROUET.
Source : Le Républicain Lorrain