La "démocratie participative" selon Barack Obama

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Je tiendrai compte de votre avis, surtout lorsqu'il sera contraire au mien, avait promis en substance Barack Obama à ses partisans durant sa campagne électorale. A l'approche de son intronisation, le 20 janvier, le message semble passé : la "démocratie participative" que le président élu appelle de ses vœux n'a cessé de croître.


Depuis son élection à la présidence américaine, la section "Open for Questions" (questions ouvertes) de son site Internet,
Change.gov, a ainsi recueilli, vendredi 2 janvier, 3 548 692 votes sur les questions posées aux internautes par l'équipe de transition. Mais, surtout, 82 831 personnes ont fait connaître leurs principales préoccupations. Plus que l'état de l'opinion, celles-ci sont indicatives des questionnements de la base "obamiste".


L'économie, sans surprise, y domine. Que fera M. Obama afin d'imposer aux banques d'être "comptables de l'usage des sommes indécentes" qu'elles ont reçues de l'Etat pour les renflouer ? demande Amelie V., de Long Beach, en Californie. Cette question ainsi que les interrogations sur la politique qu'il mènera sur l'emploi reviennent le plus fréquemment. Mais tous les thèmes sont abordés : "Comment nous défaire de notre addiction aux énergies fossiles ?" Le président annulera-t-il le programme de surveillance du terrorisme qui restreint les libertés civiques ? Mènera-t-il "une diplomatie équilibrée" dans le conflit israélo-palestinien ?


Ailleurs, sous l'intitulé "C'est votre Amérique", le site appelle les militants associatifs à "raconter les expériences" novatrices et réussies qui pourraient être utilement dupliquées.


Mais la démocratie participative ne fonctionne pas à sens unique : le sommet peut, lui aussi, en appeler à la base. En faisant entrer à la Maison Blanche la plupart de ceux qui ont dirigé son site de campagne, c'est ce que compte faire le président élu.


UN VASTE RÉSEAU INTERACTIF


Son équipe détient désormais un fichier de plus de 13 millions d'adresses e-mail, dont le potentiel de croissance semble loin d'être atteint. Selon une étude du centre de recherches Pew et de l'association American Life Project, 62 % des 66,7 millions d'électeurs de M. Obama sont disposés à mobiliser leur entourage pour soutenir ses décisions.


Mais en même temps que l'admiration qu'elle suscite, cette nouvelle manière de faire de la politique fait aussi naître des craintes. L'une d'elles est que ce réseau devienne pour les groupes militants le principal vecteur d'influence sur la Maison Blanche ; ainsi le mouvement de gauche Move On demande à ses 4 millions de supporters de participer activement aux questionnaires de Change.gov.


La seconde inquiétude tient au fait qu'à la première difficulté - avec le Congrès, par exemple -, M. Obama puisse activer dans l'instant des millions de partisans qui submergeraient les élus d'appels téléphoniques ou de courriels.


Sylvain Cypel (New York, correspondant)

Source : Le Monde

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