Un témoignage : "pour la 1ère fois, j'ai été aux Restos du coeur"
Par l'équipe de Ségolène Royal
Nous recevons de nombreux témoignages de Français, qui nous parviennent directement par La Poste, via le site Internet ou par l'intermédiaire de nos amis élus. Parce que souvent, ils tombent juste, nous souhaitons en partager certains avec vous. Dans une lettre à son député, Madame Michelle B. interpelle les politiques dans un appel à l'aide franc et digne.
Témoignage
« Lettre ouverte à mon député,
Mardi 2 décembre, pour la première fois de ma vie, (j’ai 57 ans), je me suis inscrite au Restos du cœur de ma commune.
Les médias, les politiques sont tous d’accord : « Les Restos, c’est formidable. Avec toute cette solidarité les plus démunis ont au moins de quoi manger l’hiver. » Il est vrai que l’été cet exercice trivial est beaucoup moins nécessaire.
Nous sommes deux à vivre avec 600 euros par mois, les factures payées, il ne reste pas grand-chose pour la nourriture. Je suis allée prendre ce secours alimentaire les larmes aux yeux, la honte au cœur, la rage au ventre.
J’ai reçu pour une semaine : 2 steacks hachés surgelés, 5 œufs, 4 portions de fromage, 4 yaourts, 1 petite boîte de riz-volaille, 1 boite de petits pois, 2 oranges, 5 pommes de terre, 2 branches de céleri, 4 oignons, 1 paquet de pâte, 1 bouteille d’eau.
Ne mangeons pas tout trop vite ! Tant d’humiliation pour cela ! Je n’y retournerai plus.
Je ne parle pas pour moi seule. Il y avait toutes ces mères et leurs enfants, des vieillards, des jeunes hommes, toute une population à la Zola.
Réveillez vous donc tous, ne nous laissez par tomber plus bas. Cette région comme tant d’autres, n’a pas de travail. Bientôt vous ne serez plus que le député d’une armée de miséreux devenus transparents aux yeux de notre gouvernement.
Les socialistes que vous représentez sont comme des commandants d’un navire dont les passagers sont tombés à l’eau et qui se disputent le droit d’aller les repêcher. Pendant ce temps, le navire s’éloigne et les malheureux se noient. Vous débattez en ce moment à l’Assemblée nationale d’une réforme de l’audiovisuel qui - ne nous mentons pas - vise à instaurer une dictature toute au profit de Monsieur Sarkozy.
Pourquoi ne pas le dire au peuple ? Parce que lorsque ce sera votre tour de régner, vous en profiterez ? Et encore aucun Roi de France n’aurait osé aller si loin en lois liberticides. Aucun pays européen n’a des dirigeants se vautrant à ce point dans l’argent public.
Augmentations de salaire au président et à ses ministres. Rallonges astronomiques des dépenses de fonctionnement à certaines ministres.
Quand allez-vous proposer des mesures concrètes en faveur de ceux que Monsieur Raffarin osait appeler « la France d’en bas » ? Blocage des prix des denrées de première nécessité, SMIC, retraites, pensions relevées à 1500 euros, sans que les prix n’augmentent proportionnellement. Parce que c’est comme ça, les salaires augmentent de 0,5 % et les marchandises augmentent de 1 %. Trouvez-vous cela normal ?
Quand allez-vous dire aux bobos que certaines mesures prises pour « sauver la planète » mettent à genoux les moins riches ? Sauvons d’abord les humains !
Les grandes surfaces que plus rien n’arrête, se font des fortunes, augmentations constantes, entente illicite, moindre qualité, course au profit. Monsieur Sarkozy veut mettre tous les Français à sa botte. La police, les gendarmes, se permettent des actes qui n’avaient plus cours depuis la fin de la guerre, assurés qu’ils sont d’être toujours approuvés par leur ministre de tutelle.
Monsieur le député, je déplore que vos interventions soient si rares, n’avez-vous donc rien à dire ? Ces stupides journaux à sensation, en dénoncent plus que vous. L’argent coule à flot chez les membres du gouvernement. Récession peut-être, mais pas pour tous !
Monsieur Sarkozy a octroyé 360 milliards d’euros à nos amis banquiers qui ont d’abord servi leurs très chers actionnaires. Combien faudrait-il de temps en taxant les revenus boursiers (je ne m’en fais pas, la bourse se porte très bien malgré ce que l’on nous fait croire) de un petit pourcent pour que le monde entier voit la misère définitivement enrayée. N’avez-vous pas été choqué que la niche fiscale accordée aux plus riches permette à ceux-ci de s’offrir les services (au frais de l’État) d’un personnel gagnant à peine de quoi vivre ? Où faudra t-il que l’arbitraire, l’injustice aillent pour que vous vous révoltiez au nom de tous ? Attendez-vous une guerre civile ? J’admire les Thaïlandais d’avoir osé.
Tous, vous les politiques, parlez au nom des pauvres ? Savez-vous vraiment ce que c’est ? Vous décidez que les pauvres ne savent pas se prendre en main. C’est connu, nous sommes tous idiots sinon, comment expliquer que nous ne soyons que ça ?
Je sais bien que ma révolte et ma colère ne servent à rien mais c’est là que désormais se trouve ma dignité.
Ce courrier finira peut-être au fond d’une poubelle, tant pis, je n’aurais pourtant exprimé que peu de choses parmi toutes celles que j’aurais dû vous confier.
Je vous remercie au moins de la peine que vous aurez prise à me lire.
Je vous souhaite une bonne nouvelle année qui ne se lèvera pas sur des jours sombres et une perspective d’avenir noire de misère.
Avec tout mon respect, Monsieur le député. »