Européennes : une militante témoigne

Publié le par Désirs d'Avenir Rueil

Marianne de Créteil nous fait part de son analyse sur ce qui est arrivé au PS. C'est un avis personnel avec lequel je me sens en phase :


Bonjour à tous,


Chacun voit la situation selon son angle vue et a, du coup, forcément, un aperçu réel de la vérité... mais qui n'est pas La Vérité ! La vérité, elle ne surgit que dans la multiplicité des points de vue, des discours, des analyses... dans le dialogue, en somme. A mon tour, dans cette perspective, d'apporter une pierre (modeste) à l'édifice d'analyse que nous sommes en train de construire pas à pas devant ce scrutin des élections européennes.


Je crois, je suis même persuadée, que le scrutin d'hier est la manifestation d'une vraie révolution politique à l'oeuvre dans notre pays depuis 2002... (certains pourraient même dire depuis 1997). Je m'explique.


En 2002, donc, Lionel Jospin ne parvient pas au 2nd tour des élections présidentielles pour plusieurs raisons évoquées depuis lors : l'émiettement sur plusieurs candidats de gauche (Taubira, Chevènement...), l'autisme du candidat du PS, la montée des extrémismes... J'avoue que le 1er argument m'a toujours fait beaucoup sourire : si l'on a envie de voter pour quelqu'un d'autre que le candidat du PS, ça n'est pas juste parce que d'autres trombines plus sympathiques se présentent... En tout état de cause, ce qu'on n'a pas voulu voir, et nonobstant la responsabilité réelle de Jospin dans ce naufrage, c'est quand même que le PS était arrivé au bout de son système, peut-être même déjà à la fin de son histoire, incapable de se projeter dans le 21ème siècle, incapable de moderniser une démocratie en souffrance, déjà perclus de haines.


En 2004, arrive un nouvel épisode de cette révolution : les régionales. Je me souviens de la une de 20 minutes le lendemain des régionales ("il en reste une, en haut, à droite"), sur fond de carte de France ultra rose. A l'époque, ce scrutin m'avait ému, voire franchement paniqué. Parce qu'il n'était de mon point de vue qu'une nouvelle manifestation de cette désaffection croissante des citoyens à l'égard de leurs élus, quel que soit leur bord, se traduisant par un certain irrationalisme politique. Pourquoi le PS avait-il gagné ? Parce qu'il proposait un programme novateur, rencontrant les aspirations des Français ? Absolument pas ! tout simplement parce que certains citoyens avaient voulu réparer leur mauvaise conscience de 2002 et parce qu'il était nécessaire de sanctionner violemment le gouvernement de droite de l'époque... La vie politique en France a toujours connu ce rythme de balancier... mais jusque là, ce rythme s'appuyait en grande partie sur la vigueur des programmes défendus.


Arrive le référendum de 2005. J'ai voté OUI, avec enthousiasme, avec vigueur. Aujourd'hui encore, je suis très heureuse et fière de mon choix et reste persuadée que l'Europe n'en serait pas là si le oui était passé en France. Mais voilà, les citoyens en ont décidé autrement. Pour des raisons (je parle des citoyens de gauche, bien sûr) que je comprends tout à fait : l'éternel débat entre la fin et les moyens pour y parvenir.


Mais, quand même, si l'on se penche sur le résultat final de ce référendum et si l'on prend en compte les partis qui avaient appelé à voter Oui, l'on peut considérer que c'est une nouvelle manifestation du divorce entre les citoyens qui sont sensés les représenter !


Depuis ce temps-là, mes combats politiques se retrouvent autour de plusieurs préoccupations :

  • comprendre lescauses dela fracture démocratique qui fragilise notre pays ;
  • agir avec constance pour résoudre cette difficulté essentielle ;
  • oeuvrer pour qu'émerge un idéal novateur à gauche, fondé sur la justice, l'égalité, le respect, l'ouverture à l'autre et au monde, l'harmonie avec notre environnement.

Si je soutiens Ségolène Royal depuis le début de l'année 2006, c'est parce qu'elle incarne à mon sens des solutions et des possibles sur chacune de ces préoccupations.


Le débat participatif, d'abord.. Pour moi, c'est bien plus qu'un simple outil :

  • un moyen d'appréhender les préoccupations, les manques, les cris, les doutes, les envies, de tous lescitoyens d'une part;
  • et, surtout, la possibilité offerte à chaque citoyen de devenir un véritable acteur politique.

Ne nous trompons pas : la démocratie participative est une véritable révolution, qui replace, au centre et au principe de l'action politique, le citoyen.


Et, n'en doutons pas, les citoyens ont compris que c'était une révolution, ont compris que leur vote était réellement actif.


Connaissez-vous encore beaucoup de gens qui votent par habitude, par fidélité ou par héritage ? Est-ce si grave que cela ? Ne serait-ce pas plutôt le signe que nous devenons enfin une vraie démocratie ?


Et pourquoi plus personne n'envisage de faire des débats participatifs aujourd'hui ?


Une véritable rénovation du régime de la 5ème République, ensuite. Parce que j'ai été élue pendant plus de 6 ans, parce que je connais le PS depuis 14 ans maintenant surtout dans sa version "municipale", j'ai développé une extra sensibilité sur cette question. Le non cumul des mandats est une nécessité impérieuse à mon sens parce qu'il est la seule garantie pour que le pouvoir ne puisse être personnel et parce qu'il est le seul moyen pour que les idées et les idéaux continuent de dépasser les hommes et les femmes qui les incarnent.


Aujourd'hui, on n'en parle plus au PS, et pas plus d'ailleurs au sein de la motion E où les pratiques réelles ressemblent à s'y méprendre à des pratiques typiques. Pourtant, encore une fois, c'est la seule solution pour renouveler l'ensemble de la classe politique sur des basses saines et, dans le même temps, poure re-crédibiliser la parole et l'action publiques.


Je crois que Ségolène a réussi (au moins en partie) à incarner ce désir d'avenir, à porter l'espérance diffuse des citoyens comme en témoigne notamment l'intense mobilisation des banlieues lors des présidentielles. Et c'est pour cette seule raison que son score a été meilleur que celui qu'aurait eu n'importe quel autre candidat socialiste à sa place. Elle a, en quelque sorte, permis de repousser de quelques mois l'émergence officielle de la crise de représentativité du PS aux yeux des citoyens.


Maintenant, nous sommes en 2009. Et l'abstention s'exprime à près de 60 %.


Cela fait 2 ans que les présidentielles sont terminées, plus de 6 mois que le congrès de Reims est terminé. La crise du PS, comme nous l'avons tous dit, est encore plus réelle, active et profonde.


Je ne vais pas vous souler avec mon analyse des causes de la défaite (d'autant que je vous ai déjà soulé, mon petit doigt me le dit !), mais plutôt, en positif, essayer de vous expliquer ce qui me permet de penser que le vote Europe Écologie n'a rien d'un vote par défaut et qu'il est pour le coup pleinement révolutionnaire.


D'abord, en quelques mots, quelques caractéristiques de cette campagne d'Europe Écologie :

  • un programme clair, actuel, compréhensible, et, surtout, susceptible d'apporter des solutions nouvelles à la crise et capable d'offrir une lecture crédible d'un avenir souhaitable;
  • un "nom" (Europe Écologie) qui, à lui seul, explique et signifie tout ;
  • une honnêteté intellectuelle réelle, qui a permis de parler d'Europe sans se cacher derrière Nicolas Sarkozy pour dissimuler une absence de contenu, mais quia également conduit à dire que l'EE n'apportait pas toutes les solutions, et que tout était à construire ;
  • un leader charismatique, certes, mais surtout entouré d'une équipe vivante,novatrice, pluridisciplinaire et complémentaire et qui s'engageait à aller réellement travailler pour l'Europe ;
  • une campagne dynamique, profondément participative, dans laquelle chacun pouvait s'investir à sa mesure, sans stigmatisation, et faire preuve d'initiative, tout simplement.

Alors, oui, les socialistes n'avaient pas vu venir Europe Écologie. Pourtant, je me souviens d'en voir parlé avec certains d'entre vous dès le mois de mars... Par ailleurs, la question de la représentativité populaire du vote Europe Écologie est un faux problème. Que l'on soit dans des villes, dans des campagnes, en Corse du Sud, à Rennes ou à Saint Denis, une chose est certaine : le vote PS est au mieux proche, au pire loin derrière et, de toute façon, pas plus représentatif des catégories populaires.


Je ne crois pas que le PS se soit pris une baffe, une veste, un coup de poing ou que sais-je d'autre. Je crois juste que le PS n'a pas voulu voir venir la révolution démocratique à l'œuvre dans notre pays et je crois que c'est pour cela qu'il se meurt.


Mais ça n'est pas pour autant ni désolant, ni déprimant !


Au contraire : sachons saisir cette chance révolutionnaire et l'accompagner, avec Ségolène, dans le sens que nous voulons, c'est-à-dire celui des valeurs de partage, d'ouverture, de respect, de justice et d'égalité entre les hommes et les femmes, en harmonie avec notre environnement. Allons "au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau" !


En ce qui me concerne, je trouve l'enjeu aussi excitant qu'essentiel, surtout si l'on prend en considération le fait que 2012 se prépare maintenant...


Amitiés

Marianne

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