Ségo l’écolo
Depuis l’époque où elle représentait la France au Sommet de la Terre, en 1992, jusqu’à son projet d’université européenne d’été, Ségolène Royal n’a rien à envier aux écologistes.
Par Sylvie Santini
En 1992, elle était ministre de l’Environnement du gouvernement Bérégovoy et représentait la France au Sommet de la Terre à Rio. En 1993, elle publiait « Pays, paysans, paysages » (éd. Robert Laffont), un intitulé que ne renierait pas José Bové, et ce 22 juin 2009, elle présente devant son conseil de Poitou-Charentes « L’agenda régional pour la croissance verte 2009-2012 ». Entre-temps, elle aura défendu, en tablier de fermière, son cher chabichou, vanté urbi et orbi pendant la présidentielle de 2007 les vertus des « fours solaires » pour les ménagères africaines et posé (malencontreusement) avec un agneau dans les bras. Autant dire que Ségolène Royal a l’écologie durable...
Et qu’elle n’a pas attendu le succès de Cohn-Bendit aux européennes pour promouvoir ce qu’elle appelle « l’excellence environnementale ». En attendant d’autres batailles électorales, la présidente de Poitou-Charentes continue à faire de sa région un laboratoire vert. Il y a un mois, au lieu-dit La Ressière, elle lançait le « premier site pilote de production d’écocarburant à partir de biogaz ». Une première mondiale, selon son chargé de mission à Poitiers, Olivier Palluault, que celle de la récupération de gaz issu des déchets ménagers nourrissant les algues. Bientôt, c’est une usine de recyclage des résidus textiles qui sera construite à Melle, fief de la présidente. Le photovoltaïque est une autre de ses croisades, menée avec succès, avec un plan de 400 millions d’euros, fournis pour moitié par la Banque européenne d’investissement. L’écohabitat est aussi au programme picto-charentais, avec un plan « 1 000 maisons en bois » lancé en 2006 (453 ont été subventionnées à fin 2008) et un concours pour des logements à basse consommation coûtant moins de 80 000 euros l’unité. En pasionaria de la voiture électrique, Ségolène Royal présentait ses prototypes régionaux à bas coût au dernier Mondial de l’automobile, milite depuis pour la survie de l’un de leurs concepteurs, l’entreprise Heuliez, et incite ses administrés au covoiturage.
Cerise sur le gâteau bio : une université « européenne internationale d’été » (sic) est d’ores et déjà annoncée pour le 30 septembre à Poitiers, sur le thème de la « politique de civilisation », avec l’auteur du concept en personne, l’éminent sociologue Edgar Morin. A l’ordre du jour, l’inauguration d’une exposition « Climat », des débats sur des thèmes tels que « L’eau, un bien commun » ou « L’état de la planète, catastrophes, enjeux, perspectives ». L’ovni du PS reste indubitablement celle de ses pairs qui surfe le mieux sur l’air du temps environnementaliste.
Source : Paris Match