Rétablissons la vérité sur les bonus
La réunion à l’Elysée avec les dirigeants des banques françaises a-t-elle débouché sur des décisions efficaces ? Il est permis d’en douter.
En effet :
- Avec le versement étalé sur trois ans de deux tiers des bonus, on ne récompensera plus nous dit-on les prises de risques qui se révèleraient désastreuses pour les banques.
- Cette partie du bonus ne sera en effet débloquée que si les performances de la banque le justifient, et donc si les traders ont eu un comportement vertueux.
- Enfin, au moins un tiers de la fraction différée des bonus sera versée sous la forme de titres, « gelés » pour une durée minimale de deux ans, ce qui accroîtra les fonds propres des banques.
En réalité, ces mesures ne résoudront rien.
Le problème posé par les rémunérations variables dans le secteur bancaire n’est à ce stade absolument pas traité.
- « Pas de bonus sans malus, ce n’est pas à tous les coups on gagne ». Voilà ce qu’a dit Nicolas Sarkozy hier, à l’issue de la réunion.
- Pourtant, le gouvernement ne met pas en place un système de malus. Les traders trop téméraires ne s’exposent pas à des « amendes » (conformément au principe « pollueur / payeur !). Tout ce qu’ils risquent, c’est de gagner un peu moins d’argent.
D’une certaine manière, la politique des bonus s’aligne sur celle des stock-options. « Si tu ne gagne pas, tu ne perds rien ».
Dans ces conditions :
- Les mesures avancées ne dissuaderont pas les prises de risques excessives, les rétorsions encourues n’étant pas suffisamment dissuasives en regard des gains espérés.
- Plus largement, on ne touche pas au problème politique et presque philosophique que soulèvent les bonus. Les 500 millions d’euros qui restent provisionnés représentent tout de même une moyenne de 30 000 euros par salariés et en réalité pour certains beaucoup, beaucoup plus.
L’équipe de Ségolène ROYAL