Fraudes présumées au PS : Ségolène Royal peaufine sa réponse pour mardi
POLITIQUE. Ségolène Royal, qui fera mardi une « déclaration solennelle » sur les fraudes présumées lors de l'élection de Martine Aubry à la tête du PS, doit trouver la juste voie entre « ne pas refaire le match » et ne pas passer l'éponge tout en se posant en « aiguillon » d'une moralisation du parti.
L'ex-candidate à la présidentielle « poursuit ses consultations avec son conseil politique », a indiqué dimanche à l'AFP l'un de ses porte-parole, Guillaume Garot. Le député-maire de Laval précise qu'elle pourrait faire une déclaration mardi sur TF1 au journal de 20 h 00 et s'exprimer auparavant dans un cadre restant à définir.
Pour une proche, la maire du IVe arrondissement de Paris, Dominique Bertinotti, « il faut regarder l'avenir ». Il « n'a jamais été question dans l'esprit de Ségolène de refaire le congrès de Reims, ni de refaire un vote Royal-Aubry ».
Pour elle, « tout son parcours montre qu'elle est toujours dans la phase d'après. Elle n'a pas le regard tourné vers le rétroviseur ». « Le débat est entre +ne pas refaire le match+ et une façon de dire +on ne passe pas l'éponge+". Il s'agit d'« être l'aiguillon fort pour prémunir à l'avenir ».
Et d'interroger : « si nous ne rendons pas cette crédibilité pourquoi » les citoyens « voteront-ils pour une primaire ? ». La primaire pour désigner le candidat à la présidentielle de 2012 est l'un des actes forts de la rénovation du PS lancée samedi.
Alors que le livre « Hold-uPS, arnaques et trahisons » a relancé la polémique sur l'élection de Mme Aubry, la présidente de Poitou-Charentes a réclamé vendredi des « sanctions » contre les fraudes présumées lors de ce scrutin, où elle avait été battue en novembre 2008 par seulement 102 voix.
Mme Royal, qui avait même estimé que « tout électeur du Parti socialiste (était) fondé à porter l'affaire devant la justice », est-elle tentée d'aller dans cette voie ? « Pas du tout », répond M. Garot. « Il ne s'agit pas d'affaiblir le parti, mais au contraire qu'on sorte renforcé de cette crise ». Pour lui, Mme Royal poursuit un « objectif » : « que les militants se sentent de nouveau respectés au sein du PS et qu'on commence à respecter leurs votes ».
« Il s'agit de faire en sorte que les Français retrouvent la confiance dans le PS », ajoute-t-il. « Des faits ont été mis au jour, spécialement graves, et Ségolène Royal a invité la direction nationale à dénoncer ces pratiques, à sanctionner les comportements de ceux qui ont mal agi et de ceux qui ont couvert ».
Parmi les questions soumises au vote militant le 1er octobre figure la création d'une autorité « indépendante et incontestée chargée de faire respecter les règles d'éthique » et notamment de garantir la sincérité des scrutins internes.
Jean-Louis Bianco, fidèle de Mme Royal, s'est dit « satisfait » de cette proposition. Il souhaitait lui-même une commission « incontestable » pour « établir des règles » pour « que plus jamais ne se reproduise ce qui s'est passé au congrès de Reims ».
Samedi, Jean-Pierre Mignard, qui a laissé la présidence de l'association Désirs d'avenir à Mme Royal, a prévenu : « il n'est pas question de procédures judiciaires » mais de « procédures tournées vers le futur ».
Pour un autre soutien de Mme Royal à Reims, le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen, « elle a bien fait de poser les principes mais ne doit pas aller jusque là ». « Le péché originel du PS est dans l'élection du congrès de Reims ».
Une personnalité du parti, Pierre Mauroy, prévient dans le JDD qu'ouvrir la boîte de Pandore est dangereux : « si on pousse trop loin, on fait exploser la marmite! (...) On a parlé des troupes de Martine, je ne vais pas parler des résultats des troupes de Ségolène ».
Auteur : AFP
Source : Sud Ouest.