Jean-Pierre Chevènement retire sa candidature
Jean-Pierre Chevènement a officiellement retiré sa candidature à la présidentielle dimanche et appelé à voter Ségolène Royal après un accord pour les législatives avec le Parti socialiste, éloignant le spectre d'un nouveau 21 avril pour la gauche.
"C'est en toute conscience que j'avais pris ma décision de me porter candidat, et c'est en toute conscience que j'ai décidé de retirer ma candidature", a affirmé le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) devant la convention nationale de son parti réunie à Paris et qui venait de donner son feu vert à l'accord sur les législatives conclu avec le PS.
"Le bien commun pour nous est très clair, il s'appelle aujourd'hui le vote pour Ségolène Royal", a insisté l'ancien ministre, pour qui il serait impossible "d'hésiter une seconde": "Le grand capital mondialisé a son candidat, et ce candidat c'est Nicolas Sarkozy, qui nous propose une thérapie de choc libérale".
M. Chevènement a annoncé son désistement après une "résolution claire et sans ambiguïté" de la convention nationale du MRC. Résolution dans laquelle les délégués du parti se sont prononcés à 84% pour un ralliement à la candidate du PS.
Dans le même temps, les délégués du MRC ont validé "un accord politique" avec le PS, qui réserve dix circonscriptions à leur parti pour les législatives, dont l'ancienne circonscription de M. Chevènement dans le Territoire de Belfort, passée au PS en 2002.
Ce "bon accord", selon M. Chevènement, permet au PS d'éloigner encore un peu plus le spectre d'un nouveau 21 avril 2002, quand Lionel Jospin avait été éliminé au premier tour de la présidentielle, alors que le chef du MRC avait récolté 5,3% des suffrages.
Le PS avait déjà conclu en octobre un accord semblable avec le Parti des radicaux de gauche (PRG), dont la candidate, Christiane Taubira, avait obtenu 2,3% en 2002. Le PS a réservé 36 circonscriptions au PRG.
Prenant la parole après M. Chevènement, Ségolène Royal a qualifié ce pacte avec le MRC de "moment très important pour l'histoire de la gauche", marquant "la réconciliation entre la gauche du oui et la gauche du non" (au référendum européen de 2005).
Soulignant "la joie" qui avait été la sienne de travailler avec M. Chevènement dans le gouvernement Jospin, Mme Royal a insisté longuement sur sa proximité intellectuelle avec lui: "Nous étions en phase, nous n'avons jamais cessé de l'être".
Légèrement sifflée pour son "chers amis" d'introduction, quelques militants lui lançant aussitôt un "camarades" sonore, la candidate du PS a par contre vite obtenu des applaudissements en affirmant par exemple que "l'unilatéralisme américain, c'est fini", ou que l'Irak sera "un nouveau Vietnam pour les Etats-Unis".
Mêmes applaudissements quand elle affirme avoir entendu "les demandes désespérées des classes populaires (...) qui ont majoritairement voté non" à la constitution européenne.
Une minorité du MRC a toutefois rejeté ce pacte avec le PS. Il s'agit d'un "baiser de la mort", a ainsi affirmé Patrick Trannoy, secrétaire national aux élections du parti, selon qui les circonscriptions lâchées par le PS sont "pour une très large majorité pas gagnables".
Source : AFP