Ségolène Royal annonce ses combats de présidente
La candidate du PS, du PRG et du MRC a adressé ses voeux aux Français sous forme d’un premier discours programme.
Ségolène Royal 2007. « Attachement à nos valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité », « notre talisman dans ce monde difficile » : le décor est planté. Jusque dans la mise en scène : sur fond bleu, Ségolène Royal en veste rouge et jupe blanche, rappelle que la France n’est pas pauvre et qu’elle a des valeurs fortes, « celles de la République, de la Sécurité sociale, des droits humains ». Jusque-là, pas d’inattendu.
La candidate du PS, du PRG et du MRC avait, hier, convoqué la presse pour adresser ses voeux aux Français sous la forme d’un vrai discours programme d’urgence intitulé « Les combats qui seraient les miens ». Façon de dénoncer pêle-mêle les décisions actuelles de la droite, du gouvernement, du patronat et du candidat ministre Sarkozy, responsables « d’inquiétude », « de colère », « d’exaspération », « de peur destructrice ». Façon aussi, plus innovante, de commencer l’année électorale par ce qui semble être une nouvelle phase de sa campagne : celle de propositions concrètes et constructives, quand le flou de ses propos était jusque-là assez généreusement souligné. Façon enfin de présidentialiser son image en coïncidence avec « l’autorité que détient la puissance publique ».
Des quatre urgences développées - la famille, l’éducation et les jeunes, le développement et l’Europe - on retiendra particulièrement la première, avec pour centralité le thème du logement : elle y était attendue, dans le contexte de fin d’année où les projecteurs ont été braqués sur les SDF et les toiles de tentes associatives poussant sur le mode d’une spontanéité très organisée. Mais alors qu’on la disait prompte à se couler dans l’air du temps, Ségolène Royal fait aussitôt un distinguo entre ce qui ressort du problème spécifique aux SDF et ce à quoi est confronté le plus grand nombre. Soit le sort de ces couches populaires, dont elle s’est fixée comme but de renouer avec elles des liens politiques : « L’urgence médiatique ne doit pas faire oublier le problème de fond de la crise du logement qui frappe celles et ceux qui travaillent, et qui font des efforts pour payer leur loyer », tranche-t-elle. Tout en rendant hommage « au travail des associations qui réinsèrent dans l’activité et dans l’emploi ». Ce qui, en creux, laisse planer un doute sur les arrière-pensées que d’autres peuvent nourrir... À l’attention des SDF, elle propose une obligation pour chaque ville de créer « une place d’hébergement d’urgence pour 1 000 habitants », et un accompagnement humain adéquat. Mais, précise-t-elle, « c’est à la puissance publique de jouer son rôle pour que le droit opposable au logement ne soit pas une promesse électorale, ou que l’amélioration de la situation des plus démunis ne produise pas l’aggravation de la situation de ceux qui paient leur loyer ». Sans contester le fameux « droit opposable », la candidate à la présidence précise sa conception de l’autorité publique et de l’État et affirme le droit : « Notamment avec la construction de 120 000 logements sociaux dans le cadre de
Au chapitre du développement économique (« la réconciliation des Français avec les entreprises »), la candidate a dénoncé le niveau des salaires (« le travail ne paye pas ») et un certain nombre de « rigidités » et « d’insécurités » liées, en particulier, selon elle, à « l’idéologie d’un certain patronat » qui « fait de la précarité, du blocage des salaires, du chantage aux délocalisations et de l’allégement systématique des prélèvements la recette d’une compétitivité qui tient en réalité à bien d’autres facteurs ». Elle se prononce en faveur d’une conjugaison : « volontarisme industriel, justice sociale et efficacité écologique ». Une conjugaison qui donne « agilité et réactivité aux entreprises dans la concurrence mondiale » et « sécurisation des parcours professionnels pour les salariés de celles-ci ». Soit, affirme-t-elle, « une mobilité sans drame ».
Dominique Bègles
Le Web de l’Humanité