Ségolène rassemble toutes les sensibilités

Publié le par Dominique Millécamps

Treize personnalités du PS, dont Lionel Jospin, forment la nouvelle équipe chargée par Ségolène Royal de promouvoir son "pacte présidentiel". Pas une sensibilité ne manque. Aucun concurrent d'hier n'a été oublié. En plus de M. Jospin, deux autres anciens premiers ministres font partie de cette équipe Laurent Fabius et Pierre Mauroy. S'y ajoutent Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, Bernard Kouchner, Henri Emmanuelli, Yvette Roudy, le premier secrétaire, François Hollande, les présidents des groupes parlementaires Jean-Marc Ayrault et Jean-Pierre Bel, et deux "grands" maires, Bertrand Delanoë et Gérard Collomb. Les éléphants rentrent dans le jeu deux mois, jour pour jour, avant le premier tour de l'élection présidentielle.

Jeudi 22 février, le tour de table de cette réorganisation était prêt, mais pas tout à fait complet. En fin d'après-midi, Ségolène Royal s'est enfermée seule dans son bureau pour appeler M. Jospin. L'échange a duré, mais la réponse ne s'est pas fait attendre. "Il s'est montré très chaleureux et je lui suis très reconnaissante, confiait dans la soirée Mme Royal. C'est un appui très important à ce moment de la campagne." L'ancien premier ministre, rival malheureux pour l'investiture du parti à l'automne 2006, ne s'était pas exprimé depuis en dehors d'une brève apparition sur RTL, le 8 février, au cours de laquelle il avait annoncé son intention d'intervenir "de temps en temps, positivement". Bientôt, il pourrait participer à un meeting.

La candidate socialiste a soigneusement choisi son moment pour déclencher cette photo de famille : pas pendant le trou d'air de sa campagne, qui aurait donné le sentiment d'un appel au secours et l'aurait placée en situation d'infériorité, mais après son spectaculaire rebond qui a suivi l'audience record de son intervention, sur TF1, le 19 février. Surtout, cette photo estompe le départ fracassant de l'ancien secrétaire national à l'économie, Eric Besson, qui avait, en justifiant sa décision de quitter le parti, insisté sur le "malaise diffus" au sein du PS et les "ratés" de la campagne.

A côté de l'équipe du "pacte", les chefs de parti alliés, Jean-Pierre Chevènement, pour le MRC, et Jean-Michel Baylet, pour les radicaux de gauche, font partie, avec M. Hollande, d'une "coordination des forces politiques". La réorganisation touche également les lieutenants, rassemblés dans un "pôle expression publique" : Jack Lang et Julien Dray deviennent conseillers spéciaux. Vincent Peillon et Najat Belkacem, – une jeune conseillère régionale dans le Rhône élue en 2004 proche du maire de Lyon, M. Collomb –, rejoignent Arnaud Montebourg comme porte-parole. Le strauss-kahnien Jean-Marie Le Guen et la jospiniste Annick Lepetit sont chargés des argumentaires. Et la communication sera désormais pilotée par des politiques : le fabiusien Claude Bartolone, et Delphine Batho, proche de Julien Dray, candidate aux législatives dans la circonscription de Mme Royal, s'occuperont de la presse nationale; Gilles Savary et Jean Guérard de la presse régionale; Elisabeth Guigou et Manuel Valls de la presse internationale.

Les deux directeurs de campagne, François Rebsamen et Jean-Louis Bianco, critiqués ces dernières semaines, sont confirmés. Tout comme le responsable des déplacements, Patrick Mennucci, et la trésorière de la campagne, Dominique Bertinotti, maire du 4e arrondissement de Paris.

Cette réorganisation, que Mme Royal avait elle-même présentée comme la fin de "l'autogestion" et le début d'une "hiérarchie" dans la conduite de campagne, ne devrait cependant pas, changer fondamentalement les choses. En diluant les "talents", en "déployant les énergies", selon son expression, Mme Royal s'assure le précieux concours de tous mais prend soin de ne dépendre de personne, et notamment pas de DSK ou de Laurent Fabius, avec lequel elle devait tenir un meeting commun, samedi 24 février, en Seine-Maritime.

Depuis l'émission de TF1, puis le succès rencontré dans ses meetings, la candidate a vu la situation se retourner en sa faveur et sa méthode confortée. Une étude qualitative menée par la Sofres pour le compte du PS soulignait l'adhésion d'une majorité de Français sur les thèmes qu'elle a choisi de mettre en avant et sa façon de les aborder. Elle ne relevait qu'un seul point noir : les relations entre Mme Royal et le parti.

Isabelle Mandraud
www.lemonde.fr

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