L'histoire édifiante de la prime à 1000 euros

Publié le par Désirs d'Avenir Rueil

L'annonce d'une prime à 1000 euros, présentée comme une nouveauté, est en fait l'aboutissement d'un long renoncement. Qu'on en juge avec ce rappel des différentes étapes que je vous livre, car ceux qui ne vivent que des effets d'annonce, parient sur le fait que le peuple perd la mémoire des paroles données. D'où le devoir de rappel surtout à l'approche des bilans.

 

Ségolène Royal

 

Décembre 2006

A Bogny-sur-Meuse (Ardennes), le candidat lance son « travailler plus pour gagner plus », promet qu'il sera « le président du pouvoir d'achat » et assure « je ne vous trahirai pas »

 

Février 2008

La loi sur le pouvoir d'achat prévoit le versement d'une prime de 1.000 euros maximum dans les entreprises de moins de 50 salariés n'ayant pas de dispositif de participation.

Bilan : 90.000 entreprises sur 3 millions de PME de moins de 50 salariés...

 

Février 2009

Sarkozy promet un partage de la valeur ajoutée en 3 tiers (dividendes actionnaires, investissement, salariés).

Une étude de l'INSEE publiée le même mois dans Les Echos rapporte que « l'excédent brut d'exploitation » des entreprises est réparti en 52% pour les investissements, 42% pour les actionnaires et 5,5% pour les salariés.

 

Mai 2009

Rapport de Jean-Philippe Cotis, directeur de l'INSEE, au Président de la République sur « le partage de la valeur ajoutée ».

Il estime que la part des salaires dans la valeur ajoutée est stable depuis 20 ans (la baisse «n'atteindrait que 2 à 3 points de valeur ajoutée », ce qui fait quand même 50 à 60 milliards de perte pour les salaires !)

Problème : il y a 3 définitions de la « valeur ajoutée » (nette, brute ou « au coût des facteurs de production » qui en déduit les impositions afférentes) et Cotis choisit le chiffre le moins gênant (en prenant la valeur ajoutée brute, la perte pour les salaires monte à 80-90 milliards).

 

Début 2010

Sarkozy somme les partenaires sociaux de trouver dans les 3 mois un accord sur le partage de la valeur ajoutée, faute de quoi le gouvernement demandera au Parlement de légiférer : aucune suite.

 

Avril 2011

Le 7 avril, Sarkozy lance son idée de prime à 1.000 euros : cacophonie généralisée dans les rangs du gouvernement

Le 19, dans l'usine de La Fonte ardennaise à Vrigne aux Bois, il donne une version édulcorée de son annonce : il n'évoque plus les 1.000 euros, parle désormais « d'augmentation » et plus de « versement » des dividendes.

C'est un recul que n'arrivent pas à masquer les mises en scène (« je ne cèderai pas » ).

Le 20 avril, arbitrage élyséen : une prime « obligatoire et pérenne » dont le montant n'est pas fixé, ouvrant droit à une exonération de charges dans la limite d'un plafond non précisé, « lorsque le montant des dividendes est en augmentation ».

Un projet de loi est annoncé pour avant la fin juillet en vue d'un versement dès 2010.

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