Programme nucléaire iranien

Publié le par Dominique Millécamps

 

Lors du débat télévisé du 7 novembre 2006, la question du nucléaire en Iran, a été posée par les journalistes. A la suite de ce débat, des critiques se sont élevées contre les propos de Ségolène Royal, prétendant son peu de connaissance du sujet, critiques peu fondées et sur lesquelles il est essentiel que chacun  ait un éclairage.

 

 

***********

 

Déclaration de Ségolène Royal : « J’ai, en effet, une vision plus prudente que mes deux collègues à propos de l’accès de l’Iran au nucléaire civil. Bien sûr que l’enrichissement de l’uranium n’est pas le même, mais quand on contrôle le nucléaire civil, on contrôle en effet une partie de l’enrichissement de l’uranium. On sait, on le voit bien en France, les conditions de sécurité qui entourent les centrales nucléaires civiles. Je considère que c’est une première étape. Dans la mesure où les Russes ont proposé des coopérations dans le cadre de nucléaire civil à l’Iran, je pense que cette solution est beaucoup plus prudente tant que le régime iranien n’aura pas évolué. Donc, je maintiens ma position qui consiste à dire qu’il vaut mieux trouver des coopérations pour produire de l’électricité, mais en ne permettant pas aux Iraniens de contrôler tout le processus du nucléaire civil. »

 

 

1 - Le Traité de non prolifération nucléaire reconnaît le droit des pays signataires d’avoir recours au nucléaire civil. Mais ils doivent se soumettre au contrôle de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA). Or c’est bien le problème avec l’Iran : l’Agence a découvert des activités nucléaires civiles non déclarées. Il y a donc risque de prolifération.

2 - L’Union européenne considère que le droit de l’Iran à accéder au nucléaire civil ne peut être admis qu’à la condition que toutes ses activités nucléaires ainsi découvertes soient mises à plat et contrôlées. Elle a proposé, dès lors que l’Iran se soumettrait au contrôle de l’AIEA et renoncerait à ses activités proliférantes, de lui construire des centrales nucléaires. L’Iran a refusé. Par ailleurs, l’Union européenne soutient la proposition russe d’enrichissement de l’uranium en Russie pour l’Iran, à des fins pacifiques. A ce jour, l’Iran n’a pas donné suite à cette proposition.

 

 

3 - A ce jour, le Conseil des Gouverneurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) et le Conseil de Sécurité de l’ONU ont décidé de refuser à l’Iran la maîtrise du cycle complet de production, y compris à des fins civiles, tant que la position de l’Iran n’évoluerait  pas.

***********

Aujourd’hui, la question qui est posée à la communauté internationale est donc bien celle de l’accès de l’Iran au nucléaire civil. La position de Ségolène Royal de refuser que l’Iran puisse contrôler la totalité de la filière, même civile, tant que l’Iran n’aura pas évolué, est donc la seule qui soit cohérente avec le droit international et avec les enjeux de la non-prolifération.

Jean-Louis Blanco a, en outre, exprimé son opinion sur le sujet, à savoir que Ségolène Royal connait ce sujet mieux que tout autre.

Publié dans Autres thèmes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Tiens donc, j'ai déjà lu ça quelque part !!!
Répondre
J
Les drôles de proposition de Ségolène Royal face au nucléaire iranien :<br /> <br /> 1) Le TNP repose sur un équilibre fondamental : oui au nucléaire civil, non au nucléaire militaire.<br /> <br /> Le principe du TNP est d’accorder un droit – l’accès au nucléaire civil - et d’en refuser un autre – se doter de l’arme atomique. L’article 4 du TNP précise ainsi : « aucune disposition du présent Traité ne sera interprétée comme portant atteinte au droit inaliénable de toutes les Parties au Traité de développer la recherche, la production et l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination". <br /> <br /> On voit bien la logique du TNP : « récompenser » les Etats qui s’engagent à ne pas se doter de l’arme atomique en facilitant leur accès au nucléaire civil. Et on comprend bien pourquoi : aucun Etat n’est obligé de signer le TNP et il faut donc une incitation pour qu’ils le fassent.<br /> <br /> L’Iran est signataire du TNP : son droit au nucléaire civil est donc inaliénable.<br /> <br /> 2) Les conséquences des propos de Ségolène Royal : la fin de la non prolifération nucléaire<br /> Ségolène Royal a déclaré lors du 3ème débat qu’il fallait absolument empêcher l’Iran de se doter du nucléaire civil. Si la France déniait à l’Iran le droit d’accès au nucléaire civil, elle se mettrait en contravention avec le TNP. Le résultat d’une telle politique serait le suivant.L’Iran selon toute probabilité se retirerait du TNP invoquant une circonstance extraordinaire, en l’occurrence le refus d’un des Etats nucléaires de souscrire à ses obligations découlant du TNP. Cela constituerait l’arrêt de mort du TNP et la prolifération ne pourrait plus être arrêtée. 3) Qui préconise cette politique ? Personne, même pas Georges W Bush Personne : pas même M. Bush. Ainsi, au terme du débat d’hier soir, deux hypthèses doivent être formulées : soit Ségolène Royal ne connaît pas le TNP, et c’est tout de même gênant quand on prétend à l’Elysée ; soit elle le connaît et elle propose une politique étrangère qui serait pire que celle des néo-conservateurs américains. Dans les deux cas, il y a de quoi être inquiet. Il est vrai qu’après avoir rencontré le président irakien, Ségolène Royal avait jugé que ce pays allait dans la bonne direction….Elle n’en est donc pas à sa première faute diplomatique depuis le début de la campagne interne. Est-on vraiment certain qu’elle est « la seule à pouvoir battre Sarkozy en 2007 ? ». Mieux vaut écouter ce qu’elle dit attentivement et y réfléchir à deux fois avant de faire ce pari…pour le moins hasardeux.
Répondre