Intervention d'un syndicaliste enseignant

Publié le par Dominique Millécamps

Intervention d'Hervé BARO,
Ancien secrétaire général du Syndicat des Enseignants de l'UNSA
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Chers amis et camarades,

J'ai été pendant près de 20 ans (de 1987 à 2004) à la direction d'une organisation syndicale d'enseignants dont 7 ans passés en tant que secrétaire général du SE UNSA.

Pour ceux qui ne le savent pas, le Syndicat des enseignants de l'UNSA, est l'héritier du SNI et de la FEN (syndicat des instituteurs et fédération de l'Éducation Nationale).

Cette question de l'horaire des profs, pointée par Ségolène, l'est depuis bien longtemps.

Dans un congrès célèbre, en 1988, à La Rochelle, la FEN a inventé le "travailler autrement"
Dans les propositions que nous faisions, et que font toujours à ma connaissance le SE comme l'UNSA Éducation, (ce que semble avoir oublié l'actuel secrétaire Général de l'UNSA Éducation) cette notion de redéfinition des services est toujours présente.

En 1988, cette révolution avait été préalablement négociée par les responsables de la FEN et du SNI de l' époque avec le responsable du secteur éducation au PS qui s'appelait Laurent FABIUS (oui il s'agit du même, mais il parait qu'il a changé). Cette réforme que le PS devait mettre en oeuvre dès le retour au pouvoir, prévoyait notamment la mise en place du Prof de Collège, dont les horaires et l'organisation du service étaient différents de ceux des profs de collège et Lycées d' aujourd'hui.

Il s'agissait, ni plus ni moins que de redéfinir le service des enseignants, pour mêler intimement la transmission du savoir et l'éducation.
Les choses ne se sont pas faites car nous nous sommes heurtés à l'hostilité du ministre de l'éducation de l'époque (Lionel JOSPIN)  (et Fabius et DSK, comme leurs entourage le savent) .

Les conséquences de ce refus en sont dramatiques surtout sur le collège d'aujourd'hui.

L'évolution du métier d'enseignant mérite un long débat, qui porte sur la conception de ce métier qui ne peut se réduire à transmettre des savoirs mais qui doit aussi éduquer.
La dimension sociale du métier doit être réhabilitée. La prise en compte de la vie sociale et professionnelle des familles doit être présente de même que celle du quartier, ou de la commune.

Cette question soulève bien des problèmes qui vont bien au delà du seul service des enseignants, je pense en particuliers aux locaux qui ne sont pas adaptés à une telle évolution.

En clair, Ségolène pose une question fondamentale qui verra se dresser les corporatismes de droite comme de gauche dès lors qu'il s'agira de proposer une démarche visant à DÉMOCRATISER l'enseignement surtout au niveau du collège comme le disent tout les spécialistes de l'Éducation.

Et pourtant il faudra le faire, parce que nous sommes de gauche, parce que nous sommes socialistes.
Et il faudra le faire avec les enseignants eux mêmes, mais aussi avec les parents et, sous le contrôle démocratique du peuple, car l'Éducation n'appartient, ni à une profession, ni à une classe, ni à une caste.

Pour avoir été aux affaires et l'interlocuteur, en tant que syndicaliste, de Ségolène quand elle était Ministre des Enseignements scolaires, nous savons que cette question est brûlante en même temps qu'elle est décisive .
Pour avoir mis en place les travaux personnels encadrés, le soutien et le tutorat, Allègre a connu quelques difficultés.
Il faut dire que la méthode était pour le moins discutable. A l'époque Ségolène avait pris ses distances (avec la méthode).

Aujourd'hui, ceux qui dans le parti, prennent la responsabilité de dévoyer ce débat à des fins bassement électoralistes prennent une lourde responsabilité pour l'avenir du système éducatif et donc du pays et de sa jeunesse.

La facilité de la dénonciation des propos de Ségolène, outre la méthode utilisée est scandaleuse.
Ceux qui à l'intérieur du parti se prêtent à ce jeux s'exposent, si par malheur ils étaient en situation, à ne pas pouvoir réformer un système qui doit l'être si l'on ne veut pas qu'il implose et si l'on veut surtout établir un peu de justice sociale.

J'en ai gros sur le cœur, car en matière de démocratisation tout est à faire, et c'est avec des manœuvres de ce type que l'on bloque un système pour des années . Un système qui exclut et produit ainsi de l'injustice sociale, c'est-à-dire le contraire de ce que nous voulons faire avec Ségolène.

C'est pour cela que je suis à ses côtés.

Hervé BARO
Ancien secrétaire général du Syndicat des Enseignants de l'UNSA
Conseiller général de l'AUDE
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C
Bonjour,<br /> <br /> La vidéo qui circule concernant l' intervention de Ségolène Royal sur les enseignants est une peau de banane de campagne. Une mauvaise manière. Pour autant, les propos qui y sont tenus ne peuvent laisser insensible les enseignants - j'en suis un. Montrer du doigt les enseignants est devenu un sport politique courant et je regrette que Ségolène Royal y ajoute sa patte - d'autant qu'elle a été ministre dans ce secteur et ne devrait pas ignorer la réalité de la profession. Les propos ont été piratés mais ils ont été tenus. Sauf à lui faire injure, je considère qu'elle pense ce qu'elle a dit.<br /> L'attaque la plus basse concerne le temps dont disposeraient les enseignants pour donner des cours auprès de sociétés privées comme Acadomia alors qu'ils n'en trouveraient pas pour faire du soutien bénévole dans leur établissement. C'est une attaque classique à droite et donne une idée dont la campagne pourrait se dérouler: si l'ordre, la sécurité, la famille, la morale la cannibalisent, ce sera détestable. <br />  <br /> Je n'appartiens à aucune coterie du PS, en suis un jeune adhérent. <br />  <br /> Mon propos n'en est que plus libre pour démonter cette mise en cause du travail des enseignants:<br />  <br /> - Ségolène Royal accrédite l'idée que les enseignants seraient nombreux à donner des cours à des sociétés comme Acadomia; c'est faux, le PDG de cette société leader sur le marché le confirme d'ailleurs. Et même si 10 000 enseignants y donnaient des cours, la France en compte plus de 800 000. Pourquoi alors jeter le discrédit sur la profession dans son ensemble? De plus, donner des cours à l'extérieur de son établissement n'est pas illégal. Enfin, et pour ne pas faire dans l'angélisme, je doute fort que de nombreux enseignants se jettent sur des cours privés dont le rémunération reste faible (entre 11 et 15 euros de l'heure chez Acadomia).<br /> - Demander aux enseignants de rester 35 heures dans les établissements revient à supposer qu'elle ait résolu un ensemble de problèmes: salles appropriées, outils informatiques, locaux pour recevoir les parents, etc. De plus, l'organisation des établissements devrait être profondément bouleversé. Qu'a dit Ségolène Royal sur ces sujets?<br />  <br /> - Pourquoi les enseignants devraient-ils travailler bénévolement? Etre enseignant n'est pas un sacerdoce, c'est un métier. Ségolène Royal l'oublie-t-elle? Les nouvelles générations d'enseignants ne sont pas fermées à des évolutions de leur métier. Faut-il encore les respecter. <br /> - Que l'école publique puisse apporter un plus aux élèves en difficulté est un sujet légitime qui demande une réflexion dont le point de départ est : que peut-on faire pour aider de la manière la plus efficace les élèves en échec? L'on sait que la simple remédiation (revenir sur le cours, refaire des exercices) montre rapidement ses limites pour des élèves en danger de décrochage scolaire. Demander aux enseignants de pointer - car cela revient à cela - est-il la manière la plus intelligente de résoudre ce problème?- Les enseignants - et notamment les profs de français, dont je ne suis pas , et d'autres matières - ont un temps de correction de copies élevé, je peux en témoigner. Ségolène Royal propose-t-elle de les soulager de ce travail pour qu'ils effectuent d'autres tâches ou veut-elle doubler le temps de travail des enseignants?<br />  <br />  <br /> Ségolène Royal peut se tromper, dire des bêtises. Celle-là est de bonne taille et j'espère que son directeur de campagne, qui connaît bien le ministère de l'Education nationale, va lui rappeller la réalité du quotidien des enseignants. J'attends de Ségolène Royal le même respect que de ses concurrents, ainsi que de l'ensemble des responsables politiques. Les derniers ministres de l'Education nationale sont si mauvais qu'il faudrait enfin sortir des propos légers et non réfléchis sur le sujet; ceci ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire et qu'il ne faut pas parfois bousculer les enseignants. Mais s'en prendre à leur éthique professionnelle n'est pas très digne. Crapule<br /> <br />
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