Ségolène et les listes électorales
La salle est trop exiguë. « Allez chercher les jeunes et les registres ! Les caméras ne peuvent pas rentrer ici », demande Ségolène Royal. Il y avait foule hier à la mairie de Ris-Orangis (Essonne) pour le lancement de la campagne « Inscris-toi, c'est ton destin. » Un clin d'oeil au bon vieux sketch des Inconnus, même si les promoteurs de l'opération, eux, sont loin de l'être. Le «parrain» de la campagne, c'est Cali, « très fier de participer ». Tout frais adhérent du PS, le chanteur, dans une campagne « passionnante et passionnée », entend donner de la voix. « Je suis là pour dire qu'il faut s'inscrire sur les listes électorales », pas « pour dire : votez pour lui ou pour elle ». Le coeur, néanmoins, y est : « Ce n'est pas une élection habituelle. Aujourd'hui, le pays peut basculer vers un côté plein d'espoir ou un côté très sombre... ».
« Nouvelle page ». Inévitable architecte des comités de soutien des campagnes socialistes et cheville ouvrière de l'opération, Jack Lang est là aussi, et renchérit : « Ce gouvernement mène depuis cinq ans une politique antijeune, antiécole, anticulture, antiemploi. Les jeunes de France souhaitent écrire une nouvelle page avec Ségolène, présidente de la République. » L'intéressée, toute à son « désir de faire reculer l'indifférence, l'"à-quoi-bonisme" », s'est adressée à « tous ces jeunes qui pensent que la politique est insuffisamment efficace ». Avant d'évoquer la « disparition du sinistre Pinochet, [qui] nous rappelle à quel point, aussi, dans le monde, des hommes et des femmes ont risqué leur vie [...] pour avoir le droit de vote ». Un peu plus tard, Royal évoquera la « soif de culture et d'intégration » des jeunes. Et conclura sous les applaudissements : « Il est temps que la France puisse reconnaître comme légitimes tous ses enfants, sans discrimination... »
« ça fait plaisir. » Ces propos auront-ils parlé aux jeunes Rissois venus s'inscrire hier ? « ça fait plaisir qu'elle se déplace pour nous et d'entendre des mots comme jeunesse et intégration, explique Ahmed, 19 ans, qui sera le premier de sa famille à voter. Pour un candidat qui me défende, et pour éviter qu'un candidat trop extrémiste passe, comme Le Pen ou Sarkozy. » Même empathie chez Kevin, 18 ans, salarié : « Sarkozy dit qu'il va nous nettoyer au Kärcher, et elle dit qu'elle va améliorer nos vies. On ne fait pas que brûler des voitures, on sait aussi voter. » Sabrina, 18 ans dans dix jours, n'a pas encore choisi, mais « pense que ce sera elle. Sarkozy, ce n'est pas la bonne méthode pour la jeunesse ». Le maire de Ris-Orangis, Thierry Mandon, proche du porte-parole de la candidate Arnaud Montebourg, a bien fait les choses : ses services ont mobilisé les jeunes de la ville, via les animateurs. L'un de ceux-ci pourtant s'interroge : « On ameute les jeunes parce qu'on a besoin d'eux pour repousser le FN. Mais il faudra vraiment les impliquer dans la vie politique, pas les laisser sur leur faim. » Les jeunes gens se dispersent. Les personnes âgées de la ville les ont remplacés. Dans la mairie, elles attendent leur colis de fin d'année.