L'UDF et François Bayrou : la réalité
François Bayrou prétend n'être ni de droite ni de gauche.
Découvrez pourquoi il s'agit d'une imposture.
Les rapports de l'UDF et de l'UMP :
En matière de politique nationale
Sur les 64 textes les plus importants de la dernière législature, l’UDF a voté pour :
- à 42 reprises à l’Assemblée nationale ;
- à 55 reprises au Sénat.
Par ailleurs, François Bayrou oublie parfois que le n°7 du gouvernement (Gilles de Robien) est UDF !
En matière de politique locale
l’UDF et l’UMP gèrent ensemble :
- 30 Conseils généraux ;
- 71 communes de plus de 30 000 habitants.
et parmi celles-ci, 13 communes intègrent des adjoints MPF (mouvement pour la France, de Philippe de Villiers) !
L’UDF d’hier et d’aujourd’hui
I) Majorité UMP/UDF (2002/2005) : la mémoire effacée de François Bayrou
Déclaration politique des groupes : bureau de la présidence de l’Assemblée nationale - 25 juin 2002 (source Assemblée nationale) Groupe Union pour
« Les députés UDF se reconnaissent dans la majorité présidentielle née le 5 mai 2002 et soutiennent l’action du gouvernement nommé le 17 juin 2002…. »
Alliance UMP/UDF
François Bayrou : Invité du JT de TF1 (03/06/02) « Voter UMP ou UDF mais pas socialiste »
« Voter UMP ou UDF mais en tout cas pas voter socialiste. Mais l’urgence de l’urgence, la priorité des priorités, c’est que l’on ne reparte pas pour 5 ans dans les 5 années qu’on vient de vivre avec cette manière d’épuiser la France que la cohabitation impose. »
Je soutiens le gouvernement parce qu’il faut avoir des positions simples et claires. Ma position c’est de soutenir le gouvernement qui a été mis en place… ».
- Interview de François Bayrou (Le Monde du 06.10.02) : « pour l’union entre l’UMP et l’UDF ». « Pour l’instant, l’UMP nous regarde et peut-être de haut. Mais le jour viendra où il faudra entre l’UMP et l’UDF des relations suivies et une organisation de notre travail en commun sur la base d’un partenariat. Préparons-le d’ores et déjà ».
- Interview d’Hervé Morin (le Figaro : 20/09/03)
« L’UDF ne critique pas tout ce que fait le gouvernement ! Nous apprécions le travail de Sarkozy, de Fillon, de Dutreil, de Robien, de Mer, par exemple.
- François Bayrou invité de Jean Michel Blier (France-Info du 23.10.03). « l’UDF fait partie de la majorité »
« L’UDF fait partie de la majorité parce qu’elle traduit les sentiments du plus grand nombre des Français qui ont voté pour le Président de la République et pour la majorité nouvelle en 2002. Il y a des millions de Français aujourd’hui qui pensent qu’ils ont voté pour un choix clair et qui ne s’y retrouvent pas.
II) Droit du travail, pouvoir d’achat, fiscalité, etc.
Interview d’Hervé Morin (Les Echos du 01.10.02) : Le pouvoir d’achat
« Non, tout est encadré. Il n’y a rien à négocier. Le carcan de la loi est tel que l’incitation à négocier n’existe pratiquement pas. Par exemple, le texte annonce que le taux de majoration des salaires est fixé par la négociation collective, mais il précise que, si aucun accord n’est trouvé, il sera fixé à 25% pour les huit premières heures et à 50% pour les suivantes. Connaissez-vous un syndicat qui accepterait, dès lors, un taux inférieur à 25%. Fixer le taux de bonification à 25% a tué la négociation et va coûter cher aux entreprises ».
- Interview de François Bayrou (Le Parisien du 09.10.03) : « travailler plus pour gagner plus… »
« L’UDF a critiqué depuis le début l’instauration autoritaire des 35 heures. Nous avons regretté que l’on choisisse des mini-aménagements et pas un vrai changement. Nous croyons qu’un jour ou l’autre, par accord entre le salarié et l’entreprise, sans y être obligés, les Français qui le veulent devront pouvoir travailler plus pour gagner plus ».
- À propos du droit de grève…
« Le mouvement social contre la réforme des retraites va vers son terme. Il est naturel dans ces conditions que se réunissent des manifestations de « ras le bol » d’associations comme « la France qui bosse » contre ceux qu’on caricature comme « privilégiés » ou « nantis » de la fonction publique…. »
(Source : Démocratie Info n° 81 / 19 mai 2003)
- l’Impôt Sur la Fortune
Interview de Jean Arthuis (La Croix du 13.09.02)...
Question : Lors de la discussion du budget au Sénat, proposerez-vous une réforme du plafonnement de l’impôt de solidarité sur la fortune ?
« Cette mesure fait également partie des priorités. La mondialisation doit nous conduire à gommer tous les impôts qui se retournent contre nous, c’est-à-dire qui incitent les contribuables à pratiquer leur activité à l’étranger ».
- Interview de Philippe Augier, maire de Deauville, secrétaire national de l’UDF (Le Parisien du 09.02.03) :
« Non. A qui l’ISF coûte-t-il le plus ? Aux chômeurs. Il ne rapporte rien ou presque à l’Etat, mais fait fuir hors de France les capitaux qui créent des emplois à l’étranger plutôt que chez nous. Je pense que l’ISF est nuisible du point de vue de la justice sociale parce qu’il aggrave le chômage ».
- Le budget 2003
« Le mois de décembre a vu l’adoption par le parlement de la traditionnelle loi de finances… Ce projet marque une étape importante. Il opère des choix que l’UDF soutient, prend de bonnes orientations, répond à plusieurs des attentes de nos compatriotes...
Charles de Courson, député UDF de la Marne
(Source : Démocratie Info n°73 / 13 janvier 2003)
-
François Bayrou invité du Grand Jury RTL/Le Monde/LCI du 26.06.03 :
« Sur
- José Maria Aznar - un exemple :
« L’UDF est libre dans la majorité, elle peut donc aider le gouvernement en ayant un langage de vérité qui est plus difficile à tenir pour les parlementaires UMP. Il nous faut proposer les vraies réformes dont le pays a besoin, celles des retraites, de l’assurance maladie, la réforme de l’Etat et la décentralisation…. »
« C’est sur ce terrain que les élus doivent mener la bataille politique. Beaucoup de gouvernements l’ont gagnée. Notre ami Aznar en Espagne en a été récompensé ».
Charles de Courson député UDF de la Marne Ce florilège est tout à fait explicite. Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ?
(Source : Démocratie Info n° 79 / 15 avril 2003).
François Bayrou : une curieuse idée de la laïcité
I) Quelle est sa conception de la laïcité ?
François Bayrou se présente souvent comme un grand défenseur de
La laïcité républicaine, du point de vue de FB, a pour avantage de renforcer les religions : « Elle donne à l’engagement religieux une authenticité personnelle qu’il n’y avait pas avant. » (8e rendez-vous de l'Histoire à Blois, 17 octobre 2005).
Pour lui, elle n’est pas neutralité, mais défense et protection des religions : « la laïcité ce n’est pas la neutralité, malgré les affirmations simples, de Renan par exemple. La laïcité, ce n’est pas un ensemble vide » ; « La laïcité dit « dans tout cela, il y a du sacré ». Pour nous, Français, on n’y touche pas. Exemples : juifs, shoah, races, etc. » (Audition par la Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité, présidée par Bernard Stasi, 7 octobre 2003). Mais que recouvre exactement ce « etc. » ? Par exemple, faut-il « ne pas toucher » au voile pour les femmes ?
Sa position est donc tout sauf claire, comme le résume son attitude ambiguë à propos de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 : « Un code de la laïcité est devenu nécessaire, un code qui reprenne de manière simplifiée et solennelle les textes qui fondent l’architecture juridique de notre laïcité et ont construit le compromis laïque. Je ne suis pas favorable à modifier l’arsenal juridique, notamment la loi de 1905. Si des adaptations doivent être trouvées, la rédaction d’un tel code le permettra. ». En résumé, il faut changer la loi, sans la changer, tout en la changeant !
Alors que la laïcité revient à ce que l’Etat ni ne soutienne, ni n’attaque les religions, FB regrette que l’Etat ne prenne pas en compte explicitement les religions, et envie le communautarisme religieux anglo-saxon : « Les sociétés anglo-saxonnes, par exemple, sont moins sensibles à ces sujets [la laïcité] que nous ne le sommes. C’est qu’elles ont dès l’origine intégré le communautarisme pluriel dans leur représentation d’elles-mêmes. » (Audition par la Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité, présidée par Bernard Stasi, 7 octobre 2003).
François Bayrou ne défend pas la laïcité républicaine, mais une version très personnelle de celle-ci, selon laquelle l’Etat doit prendre en compte et soutenir tous les cultes : « La laïcité n’est pas l’ennemi de la conviction religieuse, mais la prise en compte de toutes » (discours pour le vote d’abstention du groupe UDF le 10 février 2004, pour la loi sur le voile).
II) Une ambiguïté qui se traduit dans ses actes Le ministre de
Alors qu'il est ministre de l'Education nationale en 1993, FB tente de réformer
S'ensuivit une mobilisation nationale, et même l'intervention du Conseil constitutionnel, qui censure le projet de loi, en particulier parce qu'il « contrevient au principe de la laïcité de la République posé par l'article 2 de la Constitution et méconnaît le devoir de l'Etat concernant l'organisation de l'enseignement public, gratuit et laïque à tous les degrés imposé par le Préambule de la Constitution de 1946 » (Décision n° 93-329 DC du 13 janvier 1994).
L’opposant à la loi sur le voile
Se protégeant derrière la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, FB ainsi que certains députés UDF ont refusé de voter la « loi sur le voile » en 2004, qui visait à défendre la laïcité à l’école en y interdisant le port de signes religieux ostensibles.
FB explique le 3 février 2004 : « sauf à démontrer que le port d’un insigne religieux est nuisible à la société, nul n’a le droit de l’interdire ».
Le défenseur de l'enseignement catholique
FB déclare dans un discours du 25 janvier 2007 à Orléans : « Personne ne peut soupçonner en moi un ennemi de l’enseignement privé. J’ai pris suffisamment de risques pour être objectif et compréhensif en la matière pour pouvoir prétendre que je suis partisan de la liberté de l’enseignement. »
Pour comprendre la portée de ces propos, il faut se souvenir que, en France, 97% de l'enseignement privé est catholique.
FB n’hésite pas à mettre en avant ses croyances comme argument électoral :
« Je suis croyant, j’ai un attachement pour les religions et si j’avais été directeur d’un de ces journaux, je n’aurais pas publié (ces dessins). », déclare-t-il dans Libération le 8 février 2007, alors même qu’il prend la défense de Charlie Hebdo dans le procès des caricatures !
Comme toujours, François Bayrou joue la carte de l’ambiguïté, du « un coup à droite, un coup à gauche » pour tromper les Français et attirer à lui plus d’électeurs. Sa posture de défenseur de la laïcité est démentie par une lecture attentive de ses propos, et par ses actes. Sur ce sujet comme sur d’autres, sa stratégie revient à parer les idées de Nicolas Sarkozy avec les mots et les principes de Ségolène Royal et du PS.