Voilà pourquoi il faut voter pour Ségolène Royal
Les instituts de sondages désignent Nicolas Sarkozy vainqueur de l’élection présidentielle. Si leurs pronostics ont été fiables au premier tour, ceux du second tour, plutôt défavorables à Ségolène Royal, pourraient bien être déjoués... pour de bonnes raisons.
Le Président de l'UMP l'a vraiment en travers de la gorge ! Alors qu'il a été écarté du second tour, François Bayrou joue les trouble-fêtes et poursuit sa campagne électorale comme si de rien n’était. Lui-même et Ségolène Royal affichent leur volonté de rénover la politique ; les deux leaders ont commencé à le faire avant même le verdict du 6 mai, en misant sur le dialogue pour trouver des convergences susceptibles de rassembler le plus grand nombre de Françaises et de Français. Incontestablement, cette démarche d’ouverture – même si elle n’aboutit pas à un ralliement de François Bayrou à Ségolène Royal – ringardise Nicolas Sarkozy qui se retranche dans son bastion UMP qui ne représente, finalement, que 31 % de l’électorat. Eh oui, il est important de rappeler que 69 % des électrices et des électeurs de ce pays n’ont pas voté pour lui, le 22 avril dernier.
Nicolas Sarkozy a beau évoquer les grands principes de la Ve République pour condamner le débat «anticonstitutionnel» (1) qui s’est instauré entre Ségolène Royal et François Bayrou, ces derniers ne s’en soucient guère, et pour cause : la candidate socialiste et le Président de l’UDF aspirent à l’instauration d’une VIe République.
Le bilan insignifiant du numéro 2 du gouvernement.
A aucun moment, sur aucune chaîne de télévision, face à Arlette Chabot, Christine Ockrent, PPDA… Nicolas Sarkozy n’a eu à rendre de compte sur son bilan personnel et sur celui du gouvernement sortant dont il était numéro 2. «Ce bilan n’est pas le mien !» a-t-il eu le toupet de soutenir devant les caméras de France Europe Express dernièrement. Un petit retour en arrière s’impose donc !
Ministre de l’Economie et des Finances, Sarkozy n’a pas respecté sa promesse, pourtant annoncée à grand tapage médiatique, d'imposer aux patrons de la grande distribution une baisse des prix à la consommation. Il n’a pas non plus relancé l’économie, pas plus qu’il n’a fait baisser le chômage qui flirtait avec les 10% quand il était en fonction à Bercy. Ministre de l’Intérieur, ses propos irresponsables ont déclenché les plus importantes émeutes urbaines que la France a connues depuis Mai 68. Enfin, en qualité de Président de l’UMP, Nicolas Sarkozy a soutenu le CPE, bien qu’il s’en défende aujourd’hui. Il a même été jusqu’à initier sur le site Internet de l’UMP une pétition de soutien à Dominique de Villepin. Voilà une bien curieuse façon de se démarquer de l’action du Premier ministre !
Croissance en berne, taux de chômage qui place la France en queue de peloton européen, stagnation du pouvoir d’achat, délocalisations industrielles massives, crises du logement et du CPE, révolte des banlieues, scandales politico-industriels (affaire Clearstream, déconfiture d’Airbus…), accroissement de la dette publique, déficit commercial record… le bilan plus que quelconque de l’action gouvernementale est bien à mettre au passif de Nicolas Sarkozy, numéro 2 du gouvernement sortant, Président de l’UMP, le parti qui détient aujourd’hui tous les leviers des pouvoirs exécutifs (au gouvernement) et législatifs (à l'Assemblée nationale).
Et s'il est élu, avec qui Nicolas Sarkozy compte-t-il gouverner la France ? Avec la plupart de ceux qui ont été ou qui sont toujours aux affaires : les Fillon, Devedjian, Copé, Hortefeux… et pourquoi pas les de Villepin, Raffarin, Breton ? Le candidat UMP nous assure qu'il fera demain ce que SA majorité et SON gouvernement n'ont pas mis en œuvre entre 2002 et 2007. Pourquoi avoir tardé ?
L’homme des slogans réducteurs et caricaturaux en guise de programme.
Non, monsieur Sarkozy, les Françaises et les Français ne veulent pas «travailler plus pour gagner plus» ! Des millions d’entre eux (les chômeurs et les travailleurs contraints à une activité réduite) veulent tout simplement travailler ! Et ceux qui sont en poste aspirent avant tout à être convenablement rémunérés pour le travail qu’ils effectuent. La question de savoir s’ils PEUVENT travailler plus se posera quand la machine économique sera relancée, ce que n’a pas réussi le gouvernement dont vous avez été ministre de l’Economie et des Finances.
« Les chômeurs ne seront plus indemnisés s’ils refusent le travail qu’on leur propose », menace le candidat de l’UMP qui feint d’ignorer que la quasi totalité des chômeurs et des travailleurs contraints à une activité professionnelle réduite (26 heures par semaine par exemple) aspirent à trouver un emploi à plein-temps. Pensez-vous vraiment qu’il est possible de vivre avec 14 ou 15 euros par jour, le montant du RMI ou de l’ASS ? Croyez-vous qu’on se satisfait sans difficultés de 57% de son salaire brut quand on relève de l’assurance-chômage après un licenciement ?
En sous-entendant que les chômeurs refusent de travailler, Nicolas Sarkozy fait injure aux millions de Françaises et de Français victimes du sous-emploi. Chaque année, le chômage brise des milliers de vies professionnelles, des milliers de vies de famille et hypothèquent l’éducation et l’avenir d’autant d’enfants.
Nicolas Sarkozy : Un favori campé sur des propositions rétrogrades.
En caressant l’ambition d’accéder à la Présidence de la République depuis des années (et pas seulement quand il se rase), Nicolas Sarkozy a relégué son adversaire au rôle d’outsider. Et ce rôle est parfaitement tenu par Ségolène Royal qui se retrouve au second tour d’une élection, alors qu’elle ne pouvait l’imaginer il y a un peu plus d’un an. La candidate socialiste doit sa place en finale à une popularité qui ne fait que se renforcer à sa gauche mais également à sa droite.
De son côté, le candidat de l’UMP, qui se prépare à cette échéance depuis près de 4 ans, a fait le plein de ses voix au premier tour, 31% des suffrages, en empiétant très largement sur les plates-bandes du Front National. Son programme gravé dans le marbre s’oppose à toute rénovation de la vie politique, en s’arc-boutant sur le régime de la Ve République qui a fait son temps (notre Constitution a été adoptée en 1958, il y a près de 50 ans). Pourtant une large majorité de Françaises et de Français (entre 75 et 78 %, selon les sondages publiés en 2005 par Le Figaro et Le Parisien) aspire à cette rénovation de notre démocratie dont le dysfonctionnement le plus criant est le manque de représentativité de l’Assemblée nationale. Dans une démocratie moderne, il est INACCEPTABLE que 30 % des électeurs (ceux de l’UMP) disposent d’une majorité absolue au Parlement. Cela sous-entend qu’une « minorité » s’adjuge le pouvoir législatif, c’est-à-dire la faculté de voter des lois qui s’appliqueront aux 70 % restants. Et vous, Nicolas Sarkozy, vous voulez perpétuer ce déni de démocratie ! Ne vous offusquez pas alors que Ségolène Royal et François Bayrou envisagent la vie politique sous un tout autre jour, celui d’une plus juste représentation des Françaises et des Français qu’instituera la VIe République inscrite dans leurs programmes.
Sur ce principe de rénovation démocratique, Ségolène Royal a toutes les chances de rassembler la majorité des Françaises et des Français qui y aspirent. La candidate socialiste est donc en capacité d’élargir son enracinement populaire ; la marge de manœuvre de Nicolas Sarkozy est réduite aux seuls voix de Le Pen et de Villiers, et à celles des députés UDF qui ont fait l’erreur HISTORIQUE de se rallier à sa candidature.
Et enfin, surtout, il y a Ségolène Royal.
Ici, sur Rénovation-démocratique, nous n’avons pas fait de cadeau à la candidate socialiste qui n’a pas jugé utile de nous recevoir, alors que ce site est édité par une des associations les plus actives sur les thèmes du chômage (2) et de la rénovation de la vie politique (3).
Après des débuts hésitants, Ségolène Royal a su, au fil des semaines, imposer sa griffe dans la campagne électorale. En quelques mois, elle a acquis une stature que l’on ne soupçonnait pas chez elle. Son sourire de circonstance est moins figé et plus naturel ; sa communication électorale s’est effacée au profit de ses convictions ; son regard est plus profond, intraitable aussi dès qu’il s’agit de neutraliser les arguments adverses et les questions pièges (comme on a pu le constater lors de ses dernières prestations télévisées sur TF1 et France2). Ces six derniers mois, Ségolène Royal a pris le temps d'affiner son programme alors que son adversaire n’a fait que rabâcher ses slogans trompeurs, voire mensongers.
Et puis, et ce n’est pas rien, la plupart des pays du monde, et notamment les pays européens : l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne…, attendent de la France qu’elle désigne une femme de la stature de Ségolène Royal à la tête de l’Etat. Ce serait en soi une Révolution au regard de notre fâcheuse propension au machisme politique inscrite dans des siècles d'Histoire de France.
Enfin, Ségolène Royal soutenue par Dominique Voynet, José Bové et, semble-t-il maintenant par Nicolas Hulot, est mieux entourée que Nicolas Sarkozy pour répondre à l’urgence écologique du XXIe siècle.
Pour toutes ces raisons, Ségolène Royal doit l’emporter le 6 mai prochain. Elle incarne la rénovation de notre démocratie : La seule valeur qui peut véritablement amorcer le renouveau de la France.
Yves Barraud
(1) Qualificatif absurde retenu par André Santini, député UDF rallié à Sarkozy.
(2) Entre 6.000 et 10.000 visites par jour sur notre site Actuchomage.org, des actions retentissantes et exemplaires sur de grands dossier sociaux : «Recalculés de l’Assédic» en 2003/2004, sous-emploi des Seniors, discriminations à l’embauche (déjà deux procès gagnés en 2007), réalité des chiffres du chômage…
(3) Nous militons activement depuis plus de deux ans sur le thème de la rénovation de nos pratiques démocratiques. Arnaud Montebourg, Julien Dray, François Bayrou et tant d’autres que nous avons rencontrés, comme Nicolas Dupont-Aignan (ex-député UMP), peuvent en témoigner.