Ségolène Royal : je fais le choix de l’intelligence politique et du rassemblement

Publié le par Désirs d'Avenir Rueil

  

 

 

FRANCE 2

JOURNAL DE 20 h - 13 octobre 2011

 

David PUJADAS

Avec nous maintenant, comme promis, Ségolène ROYAL. Merci d’avoir accepté notre invitation. On va évoquer le mot d’ordre que vous avez donné pour François HOLLANDE. Mais d’abord un mot sur cette soirée de dimanche, la défaite très sévère, les larmes. On n’a pas l’habitude de vous voir craquer. Qu’est-ce qui vous  a le plus atteint ?

 

Ségolène ROYAL

Eh bien écoutez, c’est quand même très, très dur. C’est très dur quand on a passé des années à travailler avec acharnement, obstination, conviction, honnêteté, avec en plus d’excellentes équipes, avec des réseaux de terrain, avec désir d’avenir,  avec une région exemplaire, donc c’est très dur. Quand on a passé des années pour relever ce défi et se préparer à cette fonction présidentielle, eh bien de subir un tel échec, un revers, voilà, c’est une épreuve très cruelle. C’est sans doute aussi la politique qui est comme cela mais c’est très dur. Voilà.

 

David PUJADAS

Au-delà de la défaite, ça arrive les défaites, on a l’impression que c’est le lien presque magnétique que vous avez… que vous aviez avec les Français qui s’est défait. Est-ce que c’est la fin de l’histoire, de cette histoire-là ?

 

Ségolène ROYAL

Vous savez il y avait un grand Premier ministre Travailliste anglais qui disait : en politique, une semaine ça vaut une année. Donc les choses bougent très vite en politique et en même temps il faut avoir le courage et la clarté d’esprit de regarder les choses et de les accepter et de regarder vers l’avenir. Et de savoir comment, maintenant, je peux être le plus utile. Et c’est la raison pour laquelle j’ai soutenu François HOLLANDE, le candidat qui est en tête.

 

David PUJADAS

Alors vous dites : je le soutiens parce qu’il est arrivé en tête et que je veux participer à cet élan pour donner le plus d’ampleur possible à sa victoire. Vous citez aussi des motifs politiques, plusieurs sujets dont vous dites qu’il a accepté de les reprendre. Est-ce qu’il y a aussi une dimension affective qui s’ajoute à la dimension politique. Je rappelle que François HOLLANDE c’est votre ex-compagnon et le père de vos enfants.

 

Ségolène ROYAL

Vous savez David PUJADAS, c’est vrai que je suis dans une situation qui n’est pas ordinaire, qui n’est pas banale. Mais je ne peux pas renier ma vie avec François HOLLANDE. Avouez que le bilan d’ailleurs de ce couple n’est pas si mauvais que ça puisque, avec quatre enfants et deux candidats à l’élection présidentielle, voilà… ! Bon, et en même temps je fais la part des choses. Vous savez je suis une femme…

 

David PUJADAS

Les deux ont compté, c’est ce que vous nous dites.

 

Ségolène ROYAL

Non. Je dis que je ne renie pas ce moment-là mais aujourd’hui, dans la décision que je prends, c’est une décision de l’intelligence politique et du rassemblement. Et je fais la différence entre le corps privé et le corps public. Et aujourd’hui c’est  le corps public qui parle lorsque je m’engage auprès du candidat…

 

David PUJADAS

C’est totalement étanche.

 

Ségolène ROYAL

… c’est étanche,  c’est étanche parce que je le dois aux électeurs et je le dois aux Français. Et quand on mélange la vie privée et la vie publique, les Français ne veulent plus de cela. Et donc le choix que je fais, je le répète, c’est le choix de l’intelligence et du rassemblement parce que je pense qu’aujourd’hui il ya une menace, on le voit dans les petites phrases qui sont échangées ; il y a une menace de division…

 

David PUJADAS

C’est trop ?

 

Ségolène ROYAL

C’est trop, je crois qu’il faut toujours avoir une hauteur de vue en politique. Nous sommes dans la campagne présidentielle. Je veux dire d’ailleurs gentiment à Martine que si elle met le doigt sur le loup elle peut se faire mordre le doigt et la main et même se faire manger toute la main. Donc il faut faire attention. Et si je fais ce choix de François HOLLANDE c’est parce que, aujourd’hui, il faut donner à notre  candidat la plus grande légitimité. Pourquoi ? Parce qu’il y a quand même un danger et la droite est en embuscade aujourd’hui. C’est-à-dire que si le score est très serré, la droite dira : « vous voyez votre candidat n’est qu’à moitié légitime ». Et moi je veux que le candidat des Socialistes et que le candidat de la gauche ait une totale légitimité, ait une légitimité puissante, ait un élan très fort parce que c’est cet élan très fort qui va nous permettre de gagner l’élection présidentielle et la France a besoin de cette alternance.

 

David PUJADAS

Un mot…

 

Ségolène ROYAL

C’est pour cela que je demande à tous ceux qui ont envie de se changement à gauche, je demande à tous ceux qui m’ont accordé  leurs suffrages et tous ceux qui au-delà ne sont pas venus voter mais qui veulent aussi que le système change vraiment – et dans les propositions de François HOLLANDE il y a – contrairement à ce qui a été dit - il y a des changements profonds du système financier que nous subissons aujourd’hui.

David PUJADAS

Vous leur demandez…

 

Ségolène ROYAL

Et je leur dis d’abord de venir voter massivement ; il faut que les Français soient aussi nombreux à venir voter et à concrétiser cette formidable réussite des primaires, ça c’est très, très important. Et ensuite qu’ils donnent une forte avance à François HOLLANDE pour lui donner la légitimité du combat présidentiel.

 

David PUJADAS

Sur ce choix, est-ce que le souvenir du congrès de Reims a pesé. On se souvient que Martine AUBRY vous a devancée d’une très courte tête, qu’il y a eu des accusations de tricherie. Est-ce que ça a pesé aussi ?

 

Ségolène ROYAL

Vous savez, depuis 2007 j’ai dû tout recommencer à zéro. Tout recommencer, malgré mes dix-sept millions d’électeurs, on m’a fait tout recommencer au sein du Parti socialiste ; on ne m’a fait aucun cadeau. Il y a eu les terribles évènements que vous venez d’évoquer. Il y a eu plein de choses, entre les blessures privées, les blessures publiques ; si je faisais la somme de ce que j’ai subi, votre journal n’y suffirait pas. Je surmonte tout cela, je mets tout cela dans le passé et je suis entièrement tournée vers le futur et vers l’avenir. J’ai une capacité de ressaisissement de moi-même pour mettre aujourd’hui mes forces au service du candidat que je souhaite voir désigné, François HOLLANDE.

 

David PUJADAS

Vous nous dites ce soir : la vie politique nationale, pour moi ça continue.

 

Ségolène ROYAL

Bien sûr, parce que regardez, les deux candidats sont venus me voir, mon ralliement et mon soutien est décisif dans cette campagne. Ils le savent, parce qu’ils me l’ont dit.

 

David PUJADAS

Et quelle place pouvez-vous avoir, quelle place vous voyez-vous avoir dans cette campagne de François HOLLANDE s’il est désigné dimanche ?

 

Ségolène ROYAL

Mais pourquoi m’ont-ils sollicitée ? Parce qu’ils savent que j’ai une capacité d’entraînement formidable. Dans les quartiers populaires en particulier. Qui d’ailleurs ne sont pas venus voter lors de ces primaires mais qui doivent revenir voter à l’élection présidentielle, parce qu’ils se sont éloignés du vote républicain et qu’ils se sentent abandonnés.

 

David PUJADAS

Donc, vous vous voyez jouer…

 

Ségolène ROYAL

Donc j’ai cette capacité d’entraînement que je mettrai au service du candidat. Je mettrai toutes mes forces dans cette bataille, toute mon expérience, toute la mobilisation des territoires, mes idées neuves qui ont été, comme vous le savez, là aussi, reprises. Et c’est vrai, vous le disiez tout à l’heure, il y a quelque chose qui s’est rompu parce que ces nouveautés, ces idées neuves ont été un peu reprises par tout le monde et on m’a vue…

 

David PUJADAS

Donc on vous verra… aux avant-postes…

 

Ségolène ROYAL

Du coup… voilà… on me verra aux avant-postes et avec une loyauté totale et un engagement. Et c’est pour cela que je lance à nouveau un appel pour ce vote de dimanche.

 

David PUJADAS

Merci Ségolène ROYAL, d’avoir répondu à nos questions ce soir.

Publié dans Primaires 2011

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