Castres. Les opposants au maire indignés par l'hommage rendu à Jaurès

Polémique. La gauche ainsi que Philippe Folliot estiment que les cérémonies du 150e anniversaire n'étaient pas à la hauteur.

Les cérémonies de commémoration du 150e anniversaire de la naissance de Jean Jaurès qui se sont déroulées avant-hier à Castres, ville natale du tribun, ont soulevé un vent de colère du côté des opposants au maire Pascal Bugis.

Si quelques murmures d'insatisfaction se sont fait entendre dès le matin lors de la lecture devant sa maison natale d'une lettre de Jaurès alors jeune étudiant où il évoque de façon assez béate les joies de la vie à la campagne, c'est surtout après la reconstitution d'un conseil municipal de l'école que la colère a explosé. Philippe Folliot, qui a préféré rester debout pendant cette manifestation estime : « Je suis consterné. Le maire est complètement hors sujet. Ces cérémonies n'ont rien de l'hommage que la ville se devait de rendre au seul Castrais qui se trouve au Panthéon. J'ai donc préféré rester debout, comme Jaurès sur sa statue. »

Philippe Folliot ajoute sur la forme : « En plus, nous n'avons pas été invités à participer à ces cérémonies… si ce n'est un carton glissé en dernière minute dans notre casier cet après midi. »

Sur le contenu même des délibérations de la ville de l'époque 1860-1880 qui ont été lues pendant la cérémonie, c'est le conseiller municipal André Martinez (Castres A Gauche Vraiment) qui s'indigne : « Choisir d'évoquer les questions de WC publics, d'étalons et tout recentrer sur l'Albinque… Ce n'est pas digne d'un hommage ! » Géraldine Rouquette peste : « On se moque de nos valeurs, c'est une mascarade » et enfin Philippe Gérineau : « C'est d'un ridicule achevé… J'ai hésité à me lever pour quitter la cérémonie. On a voulu tirer Jaurès sur le côté folklore local… » Samuel Cèbe (Parti Socialiste) a lui aussi protesté et rappelé « Jaurès était un militant socialiste ».

Les opposants estiment donc que Pascal Bugis a choisi volontairement de mettre en avant des aspects anecdotiques de l'histoire et de l'époque de Jaurès. Le maire ne conteste d'ailleurs pas qu'il a voulu effectivement « dépolitiser » au maximum ces cérémonies : « Castres, c'est la ville natale de Jaurès. Nous nous devions de lui rendre hommage de la façon la plus simple et la moins polémique possible. Jaurès porte toujours une symbolique forte utilisée par des courants politiques. J'ai donc préféré m'en tenir à l'idée que Castres n'a connu Jaurès qu'enfant. C'est un parti pris. Je souhaitais justement éviter de mettre en avant toute division à l'occasion d'une commémoration qui se doit de rassembler les gens plutôt que les séparer. »

Quant à la « non-invitation » officielle des conseillers à ces cérémonies, le maire ajoute : « Les élus de la majorité ou de l'opposition ont tous été logés à la même enseigne. Il n'y avait aucune malice dans cela. »

Source : La Depêche