Algérie-France : morts sans visa !

Publié le

Par Said Kaced
 
Le chiffre est dans la bouche du professeur Bougherbal, président de la Commission nationale médicale. 43 enfants algériens sont décédés faute de visa d’entrée en France où ils devaient être soignés pour des cardiopathies congénitales. Les prises en charge de la Sécurité sociale ont été accordées alors que le précieux sésame leur permettant d’entrer sur le territoire français ne leur a pas été délivré.
 
Des enfants, aussi gravement malades, ont-ils été considérés par les autorités consulaires comme de potentiels immigrants clandestins ? Des informations sur leur « dangerosité » potentielle, conséquence de leur présence dans des hôpitaux de l’Hexagone, auraient-elles scellé le sort funeste, de ces chérubins ravis à l’affection de leurs parents ?  Les consuls de France, qui ont « respecté » froidement une insondable réglementation, réussissent-ils à dormir malgré tout depuis qu’ils apprirent la terrible nouvelle ?
 
Cette tragédie humanitaire est rendue publique alors que le nouveau pouvoir en France est fier d’avoir contribué efficacement à la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien détenus en Libye. Le tapage médiatique autour de cette affaire aux péripéties rocambolesques, et savamment orchestrée par les communicants de Sarkozy, fait passer, bien sûr, au dernier plan la petite dépêche d’El Watan, seul quotidien algérien à donner l’information.
 
Nous sommes là dans l’une des applications du devoir humanitaire « bien ordonné » - qui commence d’abord par soi-même ! -, à deux vitesses, auquel les pays du Sud devront s’habituer désormais. 43 enfants d’Algérie, nécessitant des soins d’urgence, ne pèsent pas lourd devant le « martyr » de 8 infirmières bulgares et d’Europe – le secrétaire général de l’Elysée évoque « la libération de compatriotes » - et ne rapportent pas, surtout, des dividendes médiatiques.
 
La France, tout comme le reste de l’Europe, adresse un message aux « damnés de la terre » qui ne souffre aucune ambiguïté : « réfléchissez avant de prendre l’embarcation de fortune qui se cassera fatalement sur les récifs du Vieux continent ; ayez une bonne hygiène de vie pour vous épargner la maladie grave et l’impossible maquis bureaucratique du visa… empêchez-vous vous-mêmes de procréer car le risque de malformations congénitales vous amènera inévitablement devant les forteresses inexpugnables de nos ambassades ! ».
 
Le propos est excessif ? Tentez alors d’apaiser la douleur incommensurable des familles des 43 malheureux enfants…
 
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