Le socialisme à jour
Par son nom même, le Parti socialiste s'inscrit dans un courant de pensée. Or le contenu de cette pensée est devenu incertain, et ses contours flous. Qu'est-ce qui est socialiste ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ? Depuis que ce parti a renoué avec l'exercice du pouvoir, en 1981, après en avoir été écarté pendant près d'un quart de siècle, on ne le sait plus trop.
La nouvelle déclaration de principes que les socialistes se préparent à adopter au cours d'une convention nationale, en juin, témoigne d'un effort de clarification bienvenu. Libéré des accusations de "trahison" brandies pendant soixante-dix ans par les communistes, le socialisme français affronte l'ennemi qu'il a vocation à combattre : la prétention du capitalisme à organiser la société en fonction de ses seuls intérêts.
"Aux injustices et aux violences du monde, l'idée socialiste oppose un engagement pour une humanité libre, juste, solidaire et respectueuse de la nature", proclame le texte soumis aux militants, ajoutant que "ces objectifs ne peuvent être atteints à partir du fonctionnement spontané de l'économie et de la société" et que "la redistribution permanente des ressources et des richesses est nécessaire pour donner une réalité à l'égalité des droits".
Partisans d'une "économie sociale et écologique de marché", les socialistes, rompant avec le productivisme, auquel ils ont longtemps cru, mettent à présent au même rang "l'émancipation complète de la personne humaine et la sauvegarde de la planète". Ils entendent "réactualiser" l'"Etat social", autrement dit le modèle social-démocrate, mis à mal par la mondialisation. Ils réaffirment non seulement leur fidélité à l'idéal européen, mais leur engagement dans l'Union européenne, à laquelle une partie d'entre eux a pourtant tourné le dos en 2005.
Débarrassé des vaches sacrées devant lesquelles il s'est longtemps incliné en paroles, sinon en actes, le PS se présente aujourd'hui comme le grand parti du salariat et de tous ceux qui ne renoncent pas à introduire un peu de raison dans l'économie et de justice dans la société. Son ambition étant ainsi clarifiée, il lui reste à en tirer les conséquences sur ses obscures règles de fonctionnement, dominées par des "courants" dont chacun sait depuis longtemps qu'ils ne sont plus des écoles de pensée, mais des clans.
Source : Le Monde