Interdiction de survol au Cap Nègre
Surprise dans les milieux aéronautiques varois. Depuis hier minuit, le ciel est amputé d'un petit bout d'azur. Par arrêté du 7 juillet, émanant du ministère de l'Écologie, de l'Environnement, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, ainsi que du ministère de la Défense, « il est créé, à titre temporaire, une zone interdite de survol dans la région du cap Nègre, du 15 juillet au 15 septembre 2008 ». « Pour les besoins liés à la protection de hautes autorités », précise, sans toutefois plus de détail, l'article premier dudit arrêté.
En clair, deux mois durant, il sera strictement interdit de survoler la propriété familiale des Bruni-Tedeschi où Nicolas Sarkozy a prévu de passer quelques jours de vacances entre le 30 juillet et le 20 août. Les paparazzis ne feront pas d'argent sur le dos du couple présidentiel.
Les aéro-clubs pas au courant
Contacté hier par téléphone, l'aéro-club du Var, basé à Cuers, n'était absolument pas au courant de ces dernières restrictions de vol. Pilote du club, Michel Lagrot tombe des nues. « Je n'en ai pas entendu parler ». Après vérification, aucun avis aux navigateurs aériens (les fameux Notam dans le jargon), signalant la création de cette zone interdite temporaire, n'a visiblement été diffusé par la Direction générale de l'aviation civile. « Ce n'est pas normal qu'on ne soit pas au courant. Ce n'est certes pas catastrophique pour notre activité, mais c'est un peu désinvolte », estime Michel Lagrot.
Même sentiment à l'aéro-club du soleil, également situé sur l'aérodrome de Cuers-Pierrefeu. Pour Jean Brocard, son président, « en terme d'activité, ce n'est pas un problème, ce n'est pas une zone où l'on enseigne traditionnellement le pilotage. » Mais lui aussi se dit « surpris, étonné » de ne pas avoir trouvé trace de Notam.
En cette période estivale, les plus inquiets par cette interdiction de survol du cap Nègre sont les responsables d'Action Communication, société de publicité aérienne. Mais après avoir grossièrement reporté les coordonnées géographiques de la zone sur une carte, Patrick Féron, le chef pilote se montre rassuré. « On a craint qu'ils aient fait une zone comparable à la R60, qui concerne le fort de Brégançon, un cercle de cinq kilomètres de diamètre centré sur la résidence présidentielle. Mais la nouvelle zone interdite est vraiment petite. Ce n'est donc pas pénalisant économiquement. »
Pour une société qui, pendant l'été 2006, à l'aube de la campagne pour l'élection présidentielle, a zébré le ciel varois de banderoles à la gloire de l'UMP, c'eut été un comble...
Aucune incidence sur le transport aérien
Il n'empêche, Alexis Giordana, son directeur, se dit « surpris » lui aussi, et un rien « vexé » de ne pas avoir été consulté au préalable. « En tant que membre du groupement des industriels et professionnels de l'aviation générale, notre société est habituellement consultée avant création de toute zone, même pour des exercices militaires. » Et Patrick Féron d'enfoncer le clou : « Le procédé est bizarre. Ça ressemble à un fait du prince ».
À la Direction générale de l'aviation civile à Nice, Sylvain Laurent se veut avant tout rassurant. « Cette zone, très petite, tel un chapeau sur le cap Nègre, n'a aucune incidence sur l'activité du transport aérien. » Contrairement aux témoignages précédents, il affirme en revanche qu'un « avis aux navigateurs aériens, daté du 10 juillet, a bien été diffusé ».
Les esprits moqueurs, eux, attendent désormais un arrêté interdisant le survol de la propriété des Bruni-Tedeschi aux pies et aux mainates. Histoire d'éviter que ces volatiles ne « jacassent » ou ne racontent ce qu'ils auraient pu voir du haut d'une branche indiscrète...
Source : Var Matin