Déduction fiscale: un « cadeau » présidentiel critiqué
En annonçant une déduction d'impôt pour « tous les emprunts en cours », le président Sarkozy a contredit son ministre des comptes publics et attisé les critiques. François Hollande préfère une extension des prêts à taux zéro. François Bayrou craint une hausse des prix du logement.
L'annonce par le président Nicolas Sarkozy d'un « cadeau » fiscal pour tous les emprunts immobiliers en cours pour l'achat d'une résidence principale a suscité mercredi des critiques de la gauche et de François Bayrou.
Le locataire de l'Elysée a annoncé mardi soir que tous les titulaires d'un emprunt immobilier, et non plus seulement ceux qui ont acquis leur résidence après l'élection présidentielle, pourront en déduire les intérêts de leurs impôts.
François Hollande a ironisé sur la « comédie des promesses » avant les élections législatives. « Nous sommes dans la plus grande des confusions. On n'y comprend plus rien », a ajouté le premier secrétaire du PS sur Europe 1. « Je demande que cessent ces mouvements d'annonce et de contre-annonces et qu'avant les élections législatives, (...) on nous dise quelle est la mesure, quel est son montant, quel est le plafond de la déduction, quelle est la durée de la déduction et quel est le coût pour les finances publiques. »
Le PS est favorable à une extension des prêts à taux zéro pour l'achat des résidences principales, qui permet de mieux « cibler » les catégories les plus modestes, ajoute-t-il. Il rappelle que le ministre du Budget et des comptes publics, Eric Woerth, avait initialement annoncé la semaine dernière que le « cadeau » ne s'appliquerait qu'aux prêts souscrits pour un achat signé après le 6 mai.
Le président du Modem, François Bayrou, a estimé que même si le président ne faisait que respecter ses promesses, cette mesure n'était pas bonne car elle risquait de faire monter les prix du logement. « C'est bien de tenir ses promesses, mais espérons qu'elles seront bien inspirées », a-t-il dit sur RTL.
« Je veux une France de propriétaires »
Lors d'un meeting électoral mardi soir au Havre, le président Sarkozy a contredit son ministre des comptes publics en annonçant que la mesure s'appliquerait « à tous les emprunts en cours ».
« Cette déduction, je l'ai promise et je la ferai, parce que je veux une France de propriétaires. Les intérêts seront déductibles à partir du jour où la loi sera votée et cette déduction, comme je m'y suis engagé, s'appliquera à tous les emprunts en cours, comme il est naturel, normal et juste », a-t-il dit.
Lors d'un meeting à Nice, le Premier ministre, François Fillon, a précisé qu'il proposerait au Parlement, dès cet été, une loi en ce sens. Aucune précision n'est disponible pour l'instant sur le détail de ce cadeau fiscal, notamment sur ses modalités et son éventuel plafonnement.
On ignore si le montant des intérêts pourra être déduit du revenu imposable ou de l'impôt à acquitter, si la déduction sera ou non plafonnée - un chiffre de plafonnement de 20 % du montant des intérêts a été évoqué - et pendant combien de temps cette déduction pourra s'appliquer.
Quel que soit son périmètre, cette disposition devrait coûter plusieurs milliards d'euros à l'Etat. Pour les foyers, le « cadeau » devrait peser plusieurs milliers d'euros.